PORTRAITS

Médecin à l’Institut Arnault Tzanck à Saint-Laurent-du-Var, il œuvre pour l’installation de défibrillateurs automatisés externes, notamment grâce aux concerts de son groupe de classic rock.

« Il faut que la chaîne de survie marche ! », lance Claude Mariottini, qui fait partie des quatre médecins français à la fois spécialisés en cardiologie hémodynamique et en rythmologie interventionnelle. Une double compétence qu’il a acquise en prolongeant ses études niçoises à la Faculté de médecine de Montpellier et qui lui permet d’intervenir autant dans le cadre de coronaropathies que d’arythmies cardiaques. Un médecin qui met aussi en avant le rôle capital de la prévention : « La prise en charge des maladies des artères coronaires a particulièrement évolué depuis mes débuts dans ce métier, il y a 30 ans, et l’on connaît aujourd’hui les meilleures façons de les prévenir même s’il y a encore beaucoup de sensibilisation à faire. Il faut avoir une activité physique régulière, éviter la malbouffe, corriger et traiter le diabète, l’hypertension et lutter contre le tabagisme y compris chez les jeunes femmes sous pilule car cela peut avoir des effets catastrophiques », poursuit Claude Mariottini avec conviction. Et il y a, sur le terrain, un domaine dans lequel il milite tout particulièrement : « Lorsqu’une personne fait un arrêt cardiaque, il faut absolument intervenir dans les trois à quatre premières minutes. Il faut tout de suite masser, appeler le 112 et défibriller, avant la prise en charge par une équipe médicale. Nous avons désormais un très bon réseau dans les Alpes-Maritimes qui a permis de diminuer les complications immédiates, comme la mort du patient, ou secondaires telles que les séquelles du muscle cardiaque ou cérébrales, mais le quadrillage de toutes les villes avec des défibrillateurs automatisés externes reste largement insuffisant. » Face à cette situation, cet auteur, compositeur, chanteur et guitariste a joué jusqu’à Paris et Londres avec le groupe qu’il a fondé, The Low Budget Men, afin de récolter des fonds pour offrir des DAE. Chaque été lors de ses concerts, le groupe de Claude Mariottini forme également près de six mille personnes en collaboration avec le Département, la Ville de Nice et le SDIS 06. « A partir de 2012, nous avons été un coup de cœur de British Airways et Air France, ce qui nous a permis de récolter 300 000 euros pour financer deux cents défibrillateurs. Ce devrait être comme les extincteurs, il devrait y en avoir un par immeuble car il y a plus de morts subites que d’incendies », déplore ce médecin qui a créé l’association 20 000 vies, soit le nombre de vies qui pourraient être sauvées chaque année si le territoire était mieux équipé en DAE. Et de conclure : « Il n’est plus possible à 50 ans de mourir dans la rue d’un arrêt cardiaque. Même lorsqu’on appelle les pompiers, le taux de survie n’est que de 3 %, alors que s’il y a un défibrillateur et un témoin formé au massage cardiaque, ce taux monte à 30 % ! Il existe aujourd’hui une application, Le Bon Samaritain, qui permet de géolocaliser les gens pouvant intervenir et l’idéal serait que chaque personne qui passe son permis fasse une formation de dix minutes avec les pompiers pour apprendre les bons réflexes. »