Jonathan CANUTI
L’artisan clandestin d’une mode engagée
Par Pauline Weber
Jean-Michel Sordello
Comment tout a commencé • • • Je viens d’une lignée d’horticulteurs. J’ai grandi à Vallauris, sous le règne des fleurs que je vendais tout jeune sur les marchés, aux côtés de ma famille. C’est là que j’ai découvert mon engouement pour la vente. Mon entrée à 18 ans au musée de Vallauris, qui accompagne tous les 2 ans la biennale de céramique contemporaine, m’a ouvert au monde des artistes et à leur démarche. C’est pour cela que dès la première collection de Studio Clandestin, j’ai voulu ancrer ma ville dans mes créations en valorisant la céramique !
Quand la mode devient manifeste • • • J’ai travaillé quinze ans chez Kiabi, ce qui a nourri ma passion pour la mode. J’ai appris énormément aux côtés de ce groupe familial au management très doux. Ce sont aussi des pionniers en matière de responsabilité sociale. Dès les années 2000, ils ont amorcé une réflexion sur les matières écologiques comme le coton biologique et le polyester recyclé à partir de bouteilles d’eau. Voilà pourquoi, lorsque j’ai créé Studio Clandestin en 2017, j’étais déjà sensibilisé à l’importance de la qualité des tissus et leur durabilité. J’ai aussi intégré à mes débuts l'upcycling afin de réduire les coûts de fabrication en utilisant des invendus des grandes marques pour réinventer les pièces basiques du dressing de la femme et de l’homme. Ma démarche responsable s’exprime aussi dans ma ligne couture réalisée à partir des dead stocks de tissus provenant de grandes maisons de luxe via Nona Source. Nous avons la chance d’être soutenu depuis 4 ans par les Galeries Lafayette et aussi Reiner, une plateforme parisienne référence en matière de mode circulaire, qui propose nos produits dans plusieurs points de vente de la capitale.
L’esprit de la Riviera • • • Studio Clandestin s’inspire de la Côte d’Azur et de son patrimoine artisanal pour apporter une empreinte et communiquer différemment sur son héritage. C’est plus une manière d’être que puiser dans les symboles comme les citrons ou la lavande, qu’on connaît tous. J’avais à cœur de lancer une marque qui soit inclusive, premium et accessible. A chacune de mes collections, je garde différents partis pris stylistiques : les ronds, la céramique, le tartan, les broderies, qu’on redimensionne et revalorise chaque année. Pour chacun de mes défilés, je me raccroche à un thème qu’on ancre dans un lieu. Pour Yves Klein par exemple, nous avions choisi le jardin Albert 1er parce que c’est tout en courbe et que j’aimais cette dimension japonisante. Pour l’Eté indien, en septembre dernier, je voulais délibérément un endroit rectangulaire où l’on voit le temps qui s’étire entre chien et loup. Le miroir d’eau était parfait pour cela : les mannequins déambulaient dans l’eau avec le reflet du ciel et de leur silhouette au coucher du soleil. Sublime !
[ 1988 ] Naissance à Vallauris.
[ 2008 ] Embauché chez Kiabi en tant que chef de rayon puis responsable commercial et vitrine.
[ 2017 ] Création de Studio Clandestin.
[ 2020 ] Entrée de la marque aux Galeries Lafayette Nice Masséna.
[ 2024 ] Entrée aux Galeries Lafayette Paris Champs Elysées.