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PORTRAITS

Ils sont artiste, cheffe étoilée, designer ou apiculteur, pilote automobile ou créatrice de mode. Leur point commun ? Ces personnalités glamour ou au cœur de la vie culturelle, économique et sociale régionale sont les moteurs de l’actualité azuréenne. Découvrez sans filtre le témoignage de leur parcours, leurs rêves, leurs ambitions et leurs projets à venir.

décembre 2024

Jean-Baptiste ANDREA

Désacraliser la littérature

Par Marjorie Modi
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jean-michel Sordello

Souvenirs cannois, en technicolor • • • La Méditerranée est dans mes gènes. Le fait que je sois né en région parisienne est une anomalie totale. A 8 ans j’arrive à Cannes et là tout fait sens. Ma vie change. Mes souvenirs prennent de la couleur : je suis enfin à l’endroit où je dois être. Tout est beau : les paysages, les couleurs, les femmes, dénudées, les peaux, tannées, le ciel, bleu… Je n’avais jamais vu ça ! Et je n’ai jamais perdu cet émerveillement-là. Je profite chaque jour de tout ce que Cannes a à offrir : la mer, les îles de Lérins et la culture. J’adore la danse contemporaine, et il y a ici des ballets d’une très grande qualité, qui n’ont rien à envier à Paris !

 

L’écriture comme un sacerdoce • • • La littérature, c’était pour les dieux vivants ! Moi, il fallait que j’aie « un vrai job » : je suis devenu réalisateur. Mais après 20 ans de cinéma, où je pouvais de moins en moins être moi-même, j’ai ressenti le besoin d’écrire sans me demander qui serait le public et combien ça coûterait. Sans chercher à être publié, j’ai écrit Ma reine, mon premier roman, à 46 ans. Et c’est là que je rencontre celle qui va changer ma vie : mon éditrice Sophie de Sivry. Elle a cru en moi, alors que je venais d’essuyer 14 refus. Pas de quoi se décourager quand on sort de 20 ans de cinéma, où la première chose que l’on apprend c’est l’échec. Mais quand on me qualifie d’anormalement doué, bien sûr, ça flatte mon ego. Mais ce n’est pas vrai. Il faut désacraliser la littérature, démystifier l’écrivain. Car la littérature est large, elle est plurielle, elle est joyeuse aussi. Vous me demandez comment j’ai fait pour écrire un livre comme ça ? Moi aussi. Et à chaque livre c’est pareil.

 

Le Goncourt… et après ? • • • Bien sûr que j’en suis fier. Mais il n’y a pas vraiment de quoi ! En revanche, là où je peux vraiment l’être, c’est pour n’avoir rien lâché. C’est peut-être ça qui n’est pas donné à tout le monde. Il n’y a pas un truc magique. Il y a une appétence, une joie, que l’on va entretenir, à laquelle on va dédier sa vie. Si on veut admirer ça, oui je veux bien ! Pour moi, l’écriture est un sacerdoce. On y donne sa vie, on y brûle jusqu’au bout ou on ne le fait pas. La suite ? Je ne sais pas encore. A chaque livre, je me suis demandé comment je ferais le suivant. La difficulté est de toujours trouver une forme de renouveau. Je commence à explorer des thèmes qui me parlent, mais d’ici-là mes héros, eux, vont continuer à vivre : Des diables et des saints va être adapté au cinéma par Jean-Pierre Jeunet. Même destin pour Veiller sur elle pour qui je viens de signer avec deux producteurs, plutôt dans un format mini-série pour respecter cette temporalité.

[ 1979 ] Arrivée à Cannes, à 8 ans. 

[ 2001 ] Tournage de son premier film Dead End à Los Angeles. 

[ 2016 ] Rencontre déterminante avec l’éditrice Sophie de Sivry. 

[ 2017 ] Parution de son premier roman, Ma reine. 

[ 2023 ] Prix Goncourt pour Veiller sur elle.

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