Infectiologue et responsable du service de médecine intégrative, elle est en lien avec tous les services du CHU de Nice pour faciliter le diagnostic et contribuer au bon usage des antibiotiques.
« Au tout début de mon internat, l’épidémie de VIH est apparue et nous avons reçu beaucoup de patients en grande difficulté, en souffrance physique et psychologique », se souvient le Dr Véronique Mondain, qui après avoir dédié dix années à la lutte contre cette pandémie, s’est vu confier la mission de mettre en place un dispositif de conseil en infectiologie au CHU de Nice. L’idée ? Aller à la rencontre de tous les professionnels de santé des services hospitaliers pour partager avec eux les bonnes pratiques en matière d’usage des antibiotiques. « Très vite, nous avons mis en place un conseil téléphonique pour les médecins de ville et la possibilité de voir les patients en consultation dans la journée en cas de difficulté à poser un diagnostic ». Un service qui peut s’avérer très utile suite à un accident virologique sexuel, en cas de suspicion de paludisme ou encore lors de l’arrivée d’une nouvelle zoonose. Référente antibiotiques au CHU de Nice et désormais responsable du Centre Régional de Conseil en Antibiothérapie PACA, Véronique Mondain travaille au quotidien à améliorer les prescriptions de ces médicaments. « La France en consomme 30 % de plus que les autres pays européens, pour des raisons multiples : l’insuffisance de formation des médecins et d’éducation à la santé de la population, le système de santé lui-même et le faible coût de ces médicaments », ajoute le Dr Mondain, qui croit résolument à la médecine de lien. Le sujet qui préoccupe particulièrement cette praticienne : la lutte contre la résistance bactérienne aux antibiotiques, notamment dans le cadre d’une approche One Health, qui tient compte de l’humain mais également des animaux et des écosystèmes. « La production d’antibiotiques dans des conditions environnementales non régulées en Inde et en Chine conduit à beaucoup de rejets antibiotiques dans les effluents industriels qui, mis en contact avec la flore entérique des hommes et animaux, favorisent l’apparition de bactéries multirésistantes, qui voyagent ensuite dans le monde. Il faut savoir aussi qu’aujourd’hui, encore 2/3 des antibiotiques produits sont produits utilisés pour les élevages ». Cette infectiologue s’intéresse également à la médecine intégrative et à mis en place une consultation dédiée aux infections urinaires récidivantes où elle utilise l’hypnose et la phyto-aromathérapie. Et d’ajouter : « Ces vingt dernières années, nous avons découvert le rôle de l’épigénétique, du microbiote, de l’axe neuro-psycho-immuno-endocrinologique et de l’inflammation, qui sont les 4 piliers de l’installation des maladies chroniques. Ces connaissances devraient changer radicalement notre vision de la santé, de la prévention, et de la médecine. La médecine intégrative, qui intègre le meilleur de notre médecine occidentale avec une approche centrée sur le patient, tenant compte de ses caractéristiques bio-psycho-sociales et environnementales, me parait être la médecine de demain. Elle correspond également aux enjeux actuels de l’épargne des ressources. »