A la galerie des Pêcheurs à Monaco, ses 25 clichés grand format captivent. Des villages de récifs aux oursins artificiels, Greg Lecœur a plongé sous le chantier de la nouvelle extension en mer Mareterra pour capturer avec son boîtier les abris mis en place pour la faune. « Il serait intéressant de voir comment les poissons ou le corail vont proliférer au fil du temps. Aujourd’hui, la nature commence à peine à reprendre ses droits… », indique le photographe animalier autodidacte, qui aimerait revenir chaque année pour suivre l’évolution de ces refuges.
GÉNÉRATION GRAND BLEU
Bercé par les aventures du Commandant Cousteau, ce Niçois est de la génération « Grand Bleu » comme les apnéistes Pierre Frolla et Guillaume Néry. « Ce film a fait rêver beaucoup d’entre nous. Il a donné l’envie d’explorer ce monde du silence. » Adepte de l’apnée, qui « apporte une liberté extraordinaire », ce passionné de biologie marine commence à plonger en bouteille à 20 ans, lors d’un voyage à La Réunion. Il se munit vite d’un boîtier pour raconter en images ses rencontres avec dauphins noirs et baleines pilotes, devenant ainsi un témoin de la biodiversité menacée. A 32 ans, c’est le déclic. Greg Lecœur plaque sa vie d’entrepreneur pour assouvir sa passion. « J’ai passé mon monitorat de plongée, soldé ma situation en France et suis parti faire un tour du monde d’un an ». Des Galapagos à l’Indonésie, en passant par les Bahamas – où l’amène son attirance pour les requins –, le globe-trotteur sillonne la planète muni de son appareil photo. Il développe son style photographique, travaille ses portraits animaliers comme son camaïeu de bleu si singulier. « Le comportement des animaux exprime leur personnalité, leurs émotions », commente le quadra prêt à passer des heures sous l’eau à attendre le bon moment. « Les animaux peuvent être sauvages, rapides, timides, les conditions de prise de vue extrêmes, une mauvaise visibilité ou de mauvaises conditions météorologiques… Il faut savoir être très patient et saisir la moindre opportunité car elle ne se reproduit pas toujours une seconde fois. » A son retour, il vend « ces images d’un nouveau genre » à la presse française et internationale. Il récolte son premier prix au Festival mondial de l’image sous-marine en 2015 avant de décrocher notamment le titre de photographe de l’année du National Geographic en 2016 puis en 2020.
« CHACUN DOIT AGIR »
Auteur de plusieurs livres (dont Océans : face à face, avec Pierre Frolla, et Antarctica, sur son expédition polaire avec Guillaume Nery), ce photojournaliste engagé a pour objectif de « toucher les cœurs » afin de sensibiliser le grand public à la préservation des écosystèmes sous-marins. En Antarctique où il rencontre les fameux léopards de mer, il montre comment « le réchauffement climatique bouleverse le cycle de vie (la reproduction des manchots par exemple), provoque la fonte des glaces, dérègle la pression atmosphérique et les vents. Si on veut un avenir durable pour nos enfants, chacun d’entre nous doit agir pour bouger les lignes. » Père d’un bébé de 8 mois, le photographe rêve désormais de montrer la mer Méditerranée comme on ne l’a jamais vue. « Cette mer souffre d’une mauvaise réputation. Je veux redorer son blason. La Méditerranée est une mer qui se mérite… »