Dans la famille Seydoux, demandez Tigrane. Ce jeune entrepreneur moné-gasque, cofondateur du groupe derestauration Big Mamma, est le fils de Jacques Seydoux Fornier de Clausonne, cousin des empereurs du cinéma français et ancien directeur de la Société des Bains de Mer. Une scolarité à Henri IV, la crème des lycées français, puis à Ginette (Versailles) en classe préparatoire avant d’intégrer HEC… le futur serial restaurateur réalise le parcours scolaire classique de l’élite française.
Les décès de sa mère puis de son frère, pendant sa dernière année d’études, vont influencer sa trajectoire. À 22 ans, il se met au vert et traverse l’Amérique latine avec son meilleur ami pendant presque un an. « Cette expérience a renforcé mon désir de travailler dans ce que j’aime, l’hospitalité. » Mais en 2008, c’est la crise. « Impossible de trouver un job dans le secteur, je me suis cassé les dents. » Il commence alors à travailler pour la start-up de jeux en ligne à Londres de Stéphane Courbit, le géant de la production télévisuelle depuis Loft Story, qui vient de diversifier ses activités y compris dans l’hôtellerie et la restauration (Les Airelles et le Chalet de Pierres à Courchevel). « Je ne suis pas un geek et je n’avais alors jamais joué aux jeux vidéos… », raconte en riant ce blond aux yeux clairs qui, par le plus grand des hasards, se retrouve alors à travailler dans une boîte appartenant à 50 % à la Société des Bains de Mer. De retour à Paris, Tigrane intègre la direction financière de LOV Group et devient vite le bras droit de Courbit durant 3 ans.
Maître crêpier
Alors qu’il souhaite monter sa propre entre-prise, il rencontre Victor Lugger, directeur de My Major Company, la première plateforme française de financement participatif d’artis-tes. « C’est la naissance de l’aventure Big Mamma. Le courant est passé tout de suite. Nous nous sommes associés avant même de trouver l’idée de notre concept de restau-ration ». Les deux hommes quittent leur job, partent en Bretagne pour devenir maîtres crêpiers avant de se fixer sur la cuisine italienne. « À Paris, il y avait un potentiel énorme. Il manquait un bon restaurant italien pas cher et convivial. On est alors parti à la rencontre des meilleurs producteurs — tomates, jambon San Daniele, huile d’olive, truffes, charcuterie… Il a fallu deux ans et demi pour ouvrir le premier restaurant du groupe à Paris, baptisé East Mamma, à Bastille. Cela a un peu été le parcours du combattant… » Mais le succès est immédiat. Dès le deuxième jour, 200 personnes attendent devant la porte de ce nouveau lieu… Big Mamma Group compte aujourd’hui 12 restaurants en France dont 8 à Paris, servant entre 5 000 et 8 000 clients par jour, et s’étend à Londres, Madrid, Munich et Monaco.
À 8 mètres de l'eau
« On part d’une feuille blanche à chaque fois. Chaque restaurant est différent et a son propre design. L’ADN commun est le rapport qualité/prix tout à fait exceptionnel. » À Monaco, le Giacomo – un clin d’œil à son père Jacques – ouvre ses portes au Larvotto. « C’est une localisation unique, en plein soleil, avec la mer à 8 mètres des tables… » En plus des produits de la mer, on pourra y déguster les plats signatures de Big Mamma, les pâtes à la truffe, le carpaccio de bœuf ou le Sgroppino, un sorbet 100 % maison arrosé de Prosecco. « J’ouvre chaque nouveau restaurant comme si c’était le premier. Le jour où je ne serai plus capable de le faire, j’arrête tout », prédit Tigrane.
Par Milena Radoman