© Jean-Michel Sordello
On l’a connu dans la capitale azuréenne avec ses graffs abstraits jouant sur les lignes et couleurs, comme sur l’immense fresque du Parking Mozart, et on le retrouve aujourd’hui du côté du 109, pôle de cultures contemporaines, avec une nature morte. Etonnant ? Pas vraiment, quand on connaît le parcours de Brian Caddy, qui a imaginé avec originalité la couverture de ce numéro. Après la « Thiole », école municipale d’arts plastiques, ce Laurentin est passé par les Beaux-Arts de Toulon avant de commencer sa carrière à Nice. « L’adjoint à la culture Robert Roux avait demandé aux artistes de décorer les palissades du tramway, c’est ainsi que je suis entré dans le circuit de l’art urbain », témoigne ce trentenaire représenté par la Galerie Martin Sauvage, qui travaille depuis lors dans la région sur commande et assure des stages d’initiation au street art – pochoir, collage et bombe – pour les jeunes Azuréens. « Mes parents écoutaient de la soul et du RnB quand j’étais enfant, alors j’ai baigné dans cet état d’esprit. Le graff, la danse, c’est une culture hip-hop qui me suit », témoigne ce fan des années soixante-dix-80, qui se sent souvent en décalage avec son époque et le tout numérique. Lui, adore le grain de musique des vieux vinyles, les toucher, les sentir. Il kiffe les couleurs flashy du Prince de Bel Air aussi, sitcom culte mettant en scène l’ascension de l’acteur afro-américain Will Smith. De sorte que son travail est au croisement du graffiti old school, avec ses contours noirs, et de l’art contemporain. Aimant peindre à la bombe, on lui a collé une étiquette de street-artiste, dans laquelle il ne se reconnaît pourtant pas. « Pour moi, c’est de la peinture à l’acrylique, explique celui qui a réalisé un jour son portrait en bonbons pour le fun lors d’un Festival du Peu à Bonson. Durant la Covid, je n’avais plus que ce qui m’entourait, un vase, un fruit. J’ai eu alors envie d’explorer ce thème, comme un clin d’œil à Jacqueline Gainon, une prof formidable qui m’avait fait entrer dans l’art via les natures mortes et vanités. » De sorte qu’aujourd’hui Caddy aime à sortir au-dehors, disposer devant lui une table, une nappe, une pomme. Une peinture sur le motif, de plein air donc, mais qui s’offre aussi au regard du plus grand nombre, dans la rue et les espaces collectifs.
Par Tanja Stojanov