PORTRAITS

« Sublimer le quotidien, là où on ne s’y attend pas ». Vaste mission que s’est donnée Hugo Volpei. En 2015, ce trentenaire niçois, passé par les bancs d’HEC, est en week-end à Londres et entre dans les toilettes de Sketch, bar branché de Soho. « Une pièce de 60 m2 avec des plafonds de toutes les couleurs, des œufs en guise de cabine. L’expérience est dingue mais les cuvettes elles, sont blanches comme partout. Je me suis dit qu’il fallait aller plus loin ». Créer du désir sur un objet rarement considéré comme désirable, voire tabou, et inchangé depuis 250 ans. C’est le postulat de base de Trône, startup créée en juin 2018. Premier lancement : Icone01, un modèle design avec sa cuvette en céramique émaillée, un réservoir transparent où l’on voit l’eau descendre et remonter. Mais cela ne lui suffit pas. « Poser un bel objet design sur un mur blanc, c’est assez ennuyeux. Du coup on a proposé des prestations d’archis à des établissements, où l’on designe ce lieu intime dans sa globalité ». Outre ses prestations chez les particuliers, le groupe de restaurants italiens Big Mamma est son premier client. Hugo pense 7 cabines drastiquement différentes – une ambiance chalet, une boîte de nuit avec néons, un squat berlinois… Qui deviennent rapidement les mètres carrés les mieux instagrammés de Paris. « L’idée, c’est de pousser l’expérience de A à Z, de l’assiette aux toilettes. Tu rentres dans le restaurant, tu es surpris. Tu passes aux toilettes tu es doublement surpris. Cela rend ton expérience client encore plus dingue. » Et les nouvelles adresses l’ont bien compris. Dans la région, Bocca Nissa, Carmela, Mamma Mia, Coba, à Nice, la Pinède à Cap d’Ail, mais aussi le Mirazur à Menton (élu meilleur restaurant du monde) ont fait appel à lui. Tous les endroits où il faut être vu… Et où prendre des selfies d’un modèle de Trône est devenu aussi intéressant qu’une photo de plat. Après une levée de fonds de 2 millions d’euros en novembre 2020, comment Hugo Volpei envisage-t-il la succession au Trône ? « Nous voulons repenser ces objets du quotidien, améliorer leur usage, leur impact sur l’environnement. Nos essentiels participent à notre bien-être, pourquoi ne pas les réinventer ? »

Par Raphaëlle Elkrief