Je peux dire en étant sûre de moi que j’ai toujours aimé les mots », s’amuse la chanteuse niçoise de 26 ans, dont le premier album est désormais téléchargeable sur les plateformes. Petite pépite locale de la nouvelle scène française, Oriane excelle à retranscrire en chanson ces choses banales qui donnent à l’existence son goût intime et singulier. Son monde à elle ? « J’ai été bercée, même modelée, par la chanson française. Puis j’ai commencé le slam à la Cave Romagnan, un lieu typiquement niçois, étonnant et populaire dans le meilleur sens du terme. Le slam n’est pas un genre musical, on le pratique lors de tournois de poésie où chacun vient déclamer son texte trois minutes puis le public vote. » Rien d’étonnant ainsi qu’Oriane soit si impliquée à faire découvrir cette discipline aux élèves de la Ville de Nice, au Théâtre de l’Impasse, avec l’association Oryga Music. C’est d’ailleurs comme ça qu’elle a rencontré les deux rappeurs niçois en featuring sur son album L’Ornithorynque. « J’adore le rap et il y a dans le Sud une émulsion très intéressante ! C’est par contre devenu un genre musical un peu fourre-tout. Il y a eu le rap revendicatif socialement connoté des années 1990, puis aujourd’hui on trouve autant de rappeurs bling que des rappeurs avec un regard introspectif », poursuit Oriane, qui chante avec YTL la nostalgie des souvenirs brulés et avec Maskit l’amour de deux personnages cabossés. Et ce qui fait qu’on a envie de tendre l’oreille, c’est précisément cette fragilité assumée. Cette façon qu’elle a de déclamer avec ironie qu’elle est ornithorynque : « Certains amis me surnommaient Orni alors j’ai trouvé le rapprochement amusant avec cet animal qui semble avoir pioché un bec de canard et une queue de castor. J’aime cette façon de dire que nous sommes le fruit de pas mal de circonstances. » Chez cette diseuse-chanteuse, les collaborations ne sont pas juste musicales, elles sont histoires d’affinités. Comme avec Philippe Balatier, du groupe No Jazz et qui a composé toutes les musiques de cet opus, ou avec la vidéaste Gaëlle Simon, qui a réalisé deux clips de l’album avec subtilité. Des titres qui invitent avec humour et sensibilité, à ne pas trop nous prendre au sérieux.
Par Tanja Stojanov – Photo Gaëlle Simon