Il y a des histoires qui naissent dans la tête et il y a celles que crée le cœur. Direction la Ciotat où l’on rencontre Myriam Fiacre, autrefois Directrice administrative et Financière sur les chantiers navals et co-dirigeante d’une entreprise de chaudronnerie et de métallurgie. C’est son expérience de maman qui lui a fait prendre un virage professionnel à 360 degrés. « Je suis maman de trois enfants, dont celle de Chiara, une enfant « hors du commun ». En 2017, l’Institut Médico-Éducatif (IME) nous indique qu’il faut penser à l’avenir de Chiara et qu’il nous serait difficile d’obtenir une place en établissement ou service d’aide par le travail (ESAT). La seule alternative était de monter un dossier pour les foyers de vie. Mais je ne souhaitais pas un tel avenir pour ma fille. » Cette annonce est un véritable choc pour Myriam, qui n’avait jamais envisager un avenir si morose pour sa fille. « J’ai travaillé dur pour offrir le meilleur à mes enfants. Chiara avait toujours voulu s’intégrer et travailler. Il n’était pas question qu’elle parte en foyer et qu’elle régresse. J’ai donc cherché un emploi où elle pourrait travailler avec moi. La restauration m’a paru le secteur le plus adéquat. »
Un travail pour tous
Après s’être renseignée sur internet, Myriam part à la rencontre des dirigeants du Café Joyeux à Paris, une entreprise de restauration qui emploie des personnes en situation de handicap, principalement avec trisomie 21. «J'ai parlé avec les équipes, vu comment l’établissement fonctionnait et l’envie m’est venue de faire ça pour ma fille et pour les autres jeunes dans la même situation. »
Rapidement, Myriam quitte son emploi et trouve un local. « C'est un cheminement personnel, qui m’a fait sortir de mon cadre de travail pour me focaliser sur un job qui avait du sens. » Puis avec l’aide des associations Trisomie 21 et Tcap21, elle développe son projet. «Les banques ne m’ont pas suivie, car je n’avais aucune expérience en restauration. Si j’avais ouvert en association, cela aurait été beaucoup plus simple, mais je prônais le fait que les entreprises pouvaient embaucher des jeunes en situation de handicap. Il fallait que je montre l’exemple! J’ai donc ouvert en SAS classique. » Aujourd’hui, son restaurant l’Oiseau rieur emploie 6 salariés, dont 3 en situation de handicap. Un tremplin qui permettra à ces jeunes de voler, un jour, de leurs propres ailes.
Par Mathilde Hingray