Florence Denis

Cimaises sur mer

« Mon “ailleurs” est à Hyères, entre balades dans les calanques et plages sauvageonnes. »

Avec la complicité de Caroline Guiol

J’ai quitté la capitale voilà trente ans. Depuis, mon parcours, entre communication, co-direction de l’association L’Art prend l’Air et enseignement littéraire, a confirmé mes aspirations : l’envoûtement des ciels et de la Méditerranée, les respirations d’air, d’art, de joie. Et me voilà désormais directrice du musée du Niel, un lieu inédit face à la mer. Néo-provençale, je l’ai été par amour. Bandol a bercé mes trois enfants. Le fil inaltérable s’est ainsi tissé avec le Sud, moi qui vivais entre Paris et le Finistère ; un sentiment d’appartenance à la région déclenché grâce à mes deux « éclaireuses », Françoise Siffrein-Blanc et Françoise Oppermann. Je me souviens encore du jour où j’ai visité l’atelier marseillais de Judith Bartolani à La Calade, puis celui de Gérard Traquandi à Aix. Ce fut une révélation, une urgence à partager avec tous ceux qui méconnaissaient ce territoire, sa beauté inclassable, ses contrastes, son impertinence. Aujourd’hui, je dois la découverte de Hyères à une nouvelle rencontre. Dans ce Var qui se déploie, la ville multiplie lieux et événements culturels enthousiasmants, en synergie avec le réseau artistique Plein Sud et le Parc National de Port-Cros. En 2020, Jean-Noël Drouin et Carole Waterkeyn me confient leur projet fou d’ouvrir un musée pieds dans l’eau, sur la presqu’île de Giens, qui mettrait en lumière leur collection. Plongeant sur le port du Niel, ce bâtiment des années soixante réhabilité répond idéalement aux expositions dédiées à la peinture non-figurative. Face à l’île de Porquerolles, l’escale est providentielle ; l’alchimie entre l’art, l’environnement naturel et le plaisir des amateurs ou collectionneurs passionnés est immédiate. Mon grand-père paternel originaire du nord de la France s’évadait souvent vers le sud, sillonnant les routes tout en dessinant… Je conserve jalousement son carnet réalisé au cours de ces échappées. Rêvait-il, lui aussi, de devenir néo-provençal ?