Les grandes expositions de l’été
De la tradition du portrait à la réalité virtuelle d'aujourd’hui, en passant par le corps et ses gestes expressifs ou hyper-maîtrisés, les lieux culturels azuréens font leur show.
par Tanja Stojanov
Thu-Van Tran, proposition pour le Prix Marcel Duchamp.
Musée d’Art Moderne et d’Art Contemporain de Nice
Thu-Van Tran I Nous vivons dans l’éclat
Regarder les fresques de Thu-Van Tran, c’est un peu comme se retrouver devant des Nymphéas de Monet, en version encore plus atmosphérique, plus liquide. Car cette artiste, née au Vietnam et vivant en France, s’inscrit à l’évidence dans le prolongement de l’héritage impressionniste. Pour autant, elle dénonce aussi les équilibres instables causés par nos sociétés contemporaines, le colonialisme et la guerre. Portée par sa sensibilité, la poésie des couleurs et des mots, elle redonne à la nature un pouvoir magique, à travers un art très spirituel, entre peinture, photo, sculpture, performance et installation.
Jusqu’au 1er octobre
Place Yves Klein, Nice | Tél. 04 97 13 42 01 | mamac-nice.org
Henri Matisse, La Grande robe bleue et mimosas, 1937 huile sur toile, 92,7 x 73,7 cm. Philadelphia Museum of Art, don de Mme John Wintersteen.© Philadelphia Museum of Art © Succession H. Matisse, 2023 © Édition Rmn - Grand Palais, Paris 2023
Musée Matisse
Matisse années 1930.
À travers Cahiers d’Art
Après avoir été présentée au musée de l’Orangerie à Paris, l’exposition dédiée aux années trente dans la carrière du peintre fauve s’installe au musée niçois, à deux pas de son ancien atelier du Régina à Cimiez. Si en 1930, Matisse élargit ses horizons en partant en voyage aux États-Unis puis à Tahiti, il a renouvelé aussi ses façons de faire avec la prise de photos au fil de la réalisation de ses œuvres, la pratique du dessin au quotidien, des figures de plus en plus monumentales comme celle du Grand nu couché et la production de très grandes compositions telles que La Danse de la Fondation Barnes. Incontournable.
Jusqu’au 24 septembre
164 avenue des Arènes de Cimiez, Nice
Tél. 04 93 81 08 08 I musée-matisse-nice.org
Musée Masséna
Emmanuel Costa I
Voir en peinture la Riviera
Peintre d’histoire et d’architecture né à Menton en 1833, il fait partie de ceux qui ont laissé un précieux témoignage de la vie des Niçois au XIXe, offrant un regard singulier sur la Riviera, de l’Estérel à la Ligurie et « au-delà ». En plus des très beaux meubles conservés à la villa Masséna, la demeure historique donne à voir cet été une centaine de paysages aquarellés d’Emmanuel Costa ainsi que quelques-unes de ses œuvres religieuses. Un aquarelliste de talent qui reste encore, vraiment, à redécouvrir.
Jusqu’au 17 septembre I 65 rue de France, Nice | Tél. 04 93 91 19 10 | nice.fr
@DR
Adrien M & Claire B, Acqua alta la traversée du miroir. © Adrien M & Claire B
Musée Masséna
Emmanuel Costa I
Voir en peinture la Riviera
Peintre d’histoire et d’architecture né à Menton en 1833, il fait partie de ceux qui ont laissé un précieux témoignage de la vie des Niçois au XIXe, offrant un regard singulier sur la Riviera, de l’Estérel à la Ligurie et « au-delà ». En plus des très beaux meubles conservés à la villa Masséna, la demeure historique donne à voir cet été une centaine de paysages aquarellés d’Emmanuel Costa ainsi que quelques-unes de ses œuvres religieuses. Un aquarelliste de talent qui reste encore, vraiment, à redécouvrir.
Jusqu’au 17 septembre I 65 rue de France, Nice | Tél. 04 93 91 19 10 | nice.fr
Min Jung-Yeon, Plume, 2022, encre de Chine et crayon sur papier, 105 x 226 cm.
Musée Bonnard
On sort ! Les loisirs avec Bonnard et son époque
On connaît le Bonnard de la vie quotidienne, de l’intimité dans laquelle la peau se pare de tant de reflets feutrés, et ce regard qu’il portait aussi sur l’extérieur depuis sa fenêtre. S’il a eu une maison atelier à Cagnes-sur-Mer, le peintre a aussi été l’un des témoins de la vie mondaine à Montmartre, de ses cabarets et spectacles, et des grands boulevards parisiens créés par le baron Haussmann. Une ambiance de loisir et de fête, à retrouver dans ses toiles et celles d’une quinzaine d’autres peintres.
Jusqu’au 5 novembre I 16 boulevard Sadi Carnot, Le Cannet | Tél. 04 93 94 06 06 | museebonnard.fr
Marie Victoire Lemoine, Jeune fille en flore, vers 1785.
Musée Fragonard
Je déclare vivre de mon art
Conscients des discriminations dont les femmes artistes ont été victimes, les musées contribuent aujourd’hui à leur redécouverte et ce sont ici cinq d’entre elles qui font l’objet de cette exposition, sous le commissariat de Carole Blumenfeld. Peintres de la fin du XVIIIe siècle, les sœurs Lemoine et leur cousine Jeanne-Élisabeth Chaudet ont en plus pour particularité d’être issues de la même famille. Pour réunir ces œuvres, comptant de nombreux portraits, il a fallu se livrer à de longues recherches.
Jusqu’au 8 octobre I 14 rue Jean Ossola, Grasse
Tél. 04 93 36 02 07 I usines-parfum.fragonard.com
Helen Frankenthaler, Ouverture, 1992, acrylique sur toile, 177,8 x 238,7 cm. © 2023 Helen Frankenthaler Foundation, Inc. Adagp, Paris, 2023
Fondation Carmignac
L’île intérieure
Si nombre d’artistes s’engagent aujourd’hui sur des sujets sociaux, politiques, environnementaux, cette exposition propose à l’inverse de sonder leur intériorité, comme en écho à la situation de la Villa Carmignac, installée sur une île en Méditerranée. Parmi les soixante-dix œuvres réunies : les peintures d’Andrew Cranston et Verne Dawson, les sculptures de Francis Uprichard et Corentin Grossmann, confrontés à l’île réelle vue par Darren Almond et Jennifer Douzenel. Un voyage intérieur via l’extérieur.
Jusqu’au 5 novembre I La Courtade, île de Porquerolles, Hyères
| Tél. 04 65 65 25 50 | fondationcarmignac.com
Villa Paloma,
Nouveau Musée National de Monaco
George Condo I Humanoïds
Jusqu’à récemment, la mode n’était pas vraiment de peindre des portraits proches de la réalité, des visages semblables à ce que l’on voyait, même si la figuration fait désormais de nouveaux adeptes en écoles d’art.
Après le cubisme, George Condo a ainsi souhaité pour sa part représenter les différentes facettes
de la personnalité de ses personnages dans chaque toile. Puisant son inspiration dans l’histoire de l’art, de Guido Reni à bien sûr
Picasso, mais aussi dans les cartoons, il a fait naître des « humanoïdes », qui interpellent chacun sur ce qu’il est, sur ce qu’il n’est pas. Étonnantes rencontres.
Jusqu’au 1er octobre
Monaco, 56 boulevard du Jardin exotique
Tél. +377 98 98 48 60 | nmnm.mc
George Condo, The Pointilist Pod, 1996. Oil on board, 61 x 45,7 cm, private.© 2023 George Condo / Artists Rights Society (ARS), New York
Pôle de création contemporaine Le 109 Nice
Bernar Venet I 1963 : un regard, 60 ans plus tard
Ses sculptures monumentales en acier sont installées à l’international, comme l’Arc à 115,5° du jardin Albert Ier à Nice. Il faut dire qu’avant de partir développer sa carrière aux États-Unis sur les conseils d’Arman, l’artiste a eu un atelier dans la rue Pairolière en 1963. Un soir sur l’avenue de Verdun, il croisa un tas de gravier et goudron ; un choc esthétique qui a été déterminant dans son œuvre, conceptuelle et minimale.
À noter qu’en plus de Bernar Venet, l’exposition présente dans un espace voisin les lauréats des Prix Jeune Création 2018 & 2019 de la Ville de Nice et la Venet Foundation. Des découvertes donc !
Jusqu’au 2 septembre I 89 route de Turin, Nice | Tél. 04 97 13 32 56 | le109.nice.fr
Bernar Venet, vue d’exposition avec Tas de charbon.
Jean Paul Riopelle, Sans Titre, 1955, huile sur toile. Collection particulière Montréal. © ADAGP, Paris, 2023
Fondation Maeght
Une saison Riopelle
Si l’on se penche sur les gestes des peintres du XXe siècle, l’artiste canadien Jean Paul Riopelle, qui fut d’ailleurs le compagnon de Joan Mitchell, a produit en dehors de ses œuvres figuratives des toiles abstraites très denses.
À l’image de Chevreuse, le plus grand tableau de cette exposition, les peintures de Riopelle sont comme des mosaïques formées d’une myriade de petites touches de couleur à la spatule. Au fil de ses ateliers en France et outre-Atlantique, l’exposition revient sur les techniques mobilisées par cet artiste, qui fit également des dessins, sculptures, céramiques, lithographies, collages et tapisseries. Tout au long de l’été, sont aussi programmés des soirées danse, concert et films.
Jusqu’au 12 novembre I 623 Chemin des Gardettes, Saint-Paul-de-Vence
Tél. 04 93 32 81 63 | fondation-maeght.com
Ode Bertrand, Plan IV, 1998. Collection de l'artiste.
Espace de l’Art Concret
Cécile Bart & Ode Bertrand I Dialogue avec la collection
Ces artistes françaises ont en commun leur intérêt pour le rythme. Danseuse classique dans sa jeunesse, Ode Bertrand a découvert la peinture en compagnie de sa tante Aurélie Nemours. Ayant côtoyé le couple Albers-Honegger depuis les années 80, Cécile Bart travaille aussi sur le corps, à travers ses tableaux/écrans disséminés dans l’espace. Portées par une même rigueur, les deux plasticiennes ouvrent un dialogue autour de leurs œuvres et celles de la donation Albers-Honegger. Un jeu de trames et maillages, qui s’amuse aussi des échelles entre le petit et l’infiniment grand.
Jusqu’au 31 mars 2024 I Château de Mouans, Mouans-Sartoux Tél. 04 93 75 71 50 | espacedelartconcret.fr
Pierre Bonnard, Jardin-de-Paris, 1896-1902, huile sur toile. Collection particulière avec le concours de Duhamel Fine Arts, Paris.© Jean-Louis Losi
Espace de l’Art Concret
Cécile Bart & Ode Bertrand I Dialogue avec la collection
Ces artistes françaises ont en commun leur intérêt pour le rythme. Danseuse classique dans sa jeunesse, Ode Bertrand a découvert la peinture en compagnie de sa tante Aurélie Nemours. Ayant côtoyé le couple Albers-Honegger depuis les années 80, Cécile Bart travaille aussi sur le corps, à travers ses tableaux/écrans disséminés dans l’espace. Portées par une même rigueur, les deux plasticiennes ouvrent un dialogue autour de leurs œuvres et celles de la donation Albers-Honegger. Un jeu de trames et maillages, qui s’amuse aussi des échelles entre le petit et l’infiniment grand.
Jusqu’au 31 mars 2024 I Château de Mouans, Mouans-Sartoux Tél. 04 93 75 71 50 | espacedelartconcret.fr
Harold Feinstein, Draftee in Photo Booth, 1952. Tirage au gélatino-bromure d’argent, 50.8 x 40.6 cm. Harold Feinstein, Draftee in Photo Booth, 1952. Tirage au gélatino-bromure d’argent, 50.8 x 40.6 cm. Harold Feinstein, Draftee in Photo Booth, 1952. Tirage au gélatino-bromure d’argent, 50.8 x 40.6 cm. Harold Feinstein, Draftee in Photo Booth, 1952.
Centre de la photographie de Mougins
Harold Feinstein I
La Roue des merveilles
Si ce photographe américain est entré très jeune dans les collections du Museum of Modern Art de New York, il a réalisé de nombreuses images sur Coney Island où il est né en 1931. Membre de la Photo League, groupement de photographes professionnels et amateurs investis contre les injustices sociales, il a développé dans cette péninsule new-yorkaise un regard humain et sensible sur les exclus de la prospérité. Un engagement qui au-delà de ce territoire, s’est étendu aux droits humains à l’international, comme en témoigne sa pratique photographique pendant la guerre de Corée.
Jusqu’au 8 octobre I 43 rue de l’Église, Mougins
Tél. 04 22 21 52 12
centrephotographiemougins.com
Henri-Edmond Cross, Dormeuse nue dans la clairière, 1907, 27,2 x 34,2 cm. Legs de Pierre Collart. © Musée de Grenoble
Musée de l’Annonciade
Cross dans la lumière du Var
Henri-Edmond Cross a fait partie de ces peintres du tournant du XXe siècle qui ont contribué à libérer la couleur. Il a fait le choix, comme plus tard Paul Signac et Henri Matisse, de venir s’installer dans le Sud, dont il célébrera les paysages et la lumière. Autour d’une cinquantaine de toiles, l’exposition donne à voir l’évolution de son travail, de ses premiers paysages néo-impressionnistes - utilisant la technique de la division des tons - jusqu’à ses toiles rayonnantes de couleur et de sensualité.
Jusqu’au 14 novembre I 2 place Georges Grammont, Saint-Tropez
I Tél. 04 94 17 84 10 | saint-tropez.fr