Les grandes expositions de l’été
De la peinture à l’huile sur le motif aux techniques graphiques et au design, en passant par toute la présence des matières, des couleurs, les musées azuréens dévoilent leurs artistes.
Par Tanja Stojanov
Miquel Barceló, Oblada, 2015, technique mixte sur toile, 27,94 x 36 cm. Collection de l’artiste. © Miquel Barceló / ADAGP, Paris, 2024. Photo André Morin
Villa Paloma,
Nouveau Musée National de Monaco
Miquel Barceló, océanographe Il est né à Majorque, et lorsqu’on croit percevoir cet œil dans le grand bleu de son œuvre Oblada, on ne peut que penser à ceux qui flottaient dans les œuvres de son compatriote Juan Miró. La peinture de Miguel Barceló nous regarde, et elle brouille les limites de notre espace-temps, en nous embarquant de la préhistoire à nos jours, des fonds marins au cosmos. Entre plongée, navigation, pêche et cuisine, des animaux marins surgissent de toute part dans une œuvre à la matérialité puissante, qui va de la peinture à la céramique, au dessin, à la broderie et au papier.
Jusqu’au 10 novembre
Monaco, 56 boulevard du Jardin exotique
Tél. +377 98 98 48 60
Musée des Beaux-Arts, Nice
Berthe Morisot à Nice, escales impressionnistes
Elle a été la première femme impressionniste – mouvement né il y a 150 ans ! – et saviez-vous qu’elle a peint de très nombreuses vues, scènes de vie et portraits sur la Riviera ? Soixante d’entre elles sont ici réunies, prêtées par le musée d’Orsay, le musée Marmottan Monet ou encore le Palais princier de Monaco. Permettant de mieux comprendre l’œuvre de Berthe Morisot, caractérisée par sa touche légère et rapide, cette exposition réunit aussi des pièces d’autres artistes femmes*. De précieux témoignages du foisonnement de la création féminine à la Belle Époque chez nous.
* Mary Cassatt, Eva Gonzalès, Marie Bashkirtseff, Louise Breslau.
Jusqu’au 29 septembre
Nice, 33 avenue des Baumettes. Tél. 04 92 15 28 28
Berthe Morisot, Le Port de Nice, 1881-1882, huile sur toile, 41,4 x 55,3 cm. Wallraf-Richartz-Museum & Fondation Corboud.© Rheinisches Bildarchiv Köln
Joan Miró et Henri Matisse au café Les Deux Magots à Paris, 1936. © DR Pierre Matisse
Musée Matisse, Nice
Miró Matisse, au-delà des images
Bien sûr les œuvres de Matisse et Miró sont à première vue aux antipodes. Il y a d’un côté le fauvisme et l’harmonie décorative de Matisse, de l’autre le surréalisme et l’inquiétante étrangeté de Miró (né d’ailleurs une génération après lui). Mais à y regarder de plus près, les deux peintres ont nourri une même énergie de déconstruction de la tradition des images occidentales, faisant des motifs et des couleurs des composantes essentielles de leurs toiles. De sorte qu’entre les papiers découpés de Matisse et les figures en lévitation de Miró, émergent des liens profonds.
Jusqu’au 29 septembre
Nice, 164 avenue des Arènes de Cimiez. Tél. 04 93 81 08 08
Musée Picasso, Antibes
Joan Miró. Chefs-d’œuvre de la collection Nahmad
L’été sera Miró sur la Côte d’Azur, avec cette seconde exposition dédiée à l’artiste, à travers la collection d’Ezra et David Nahmad, deux des plus grands collectionneurs d’art au monde, notamment de Picasso. Les deux artistes furent d’ailleurs amis, et le musée propose d’explorer douze œuvres de Miró, presque chacune disposée dans une salle, afin de créer des espaces méditatifs, de rencontre. Chaque œuvre a en effet une présence, une magie, ce qu’on a tendance à oublier lorsqu’on en met plusieurs côte à côte, et l’idée est donc de vivre cette expérience.
Jusqu’au 27 octobre
Antibes, place Mariejol. Tél. 04 92 90 54 20
Joan Miró, Oiseau dans la nuit, 1967, huile sur toile, 189,9 x 276,9 cm. Collection Nahmad, Successió Miró.© ADAGP, Paris, 2024. Photo Nahmad Gallery
Canemorto
Villa Arson, Nice
Canemorto, la recherche de l’œuvre absolue
Où est la frontière entre la réalité et la fiction, quand on voit toutes les belles histoires qu’on se raconte sur soi-même ? Le collectif
Canemorto se joue de cette limite, en nous embarquant dans un parcours initiatique entre court-métrage et cycle de peintures. Une exposition proposée par ce trio d’artistes italiens, qui vénère la divinité canine Txakurra. D’aventures en secret, on découvre que les restes de Pierre-Joseph Arson n’ont jamais été retrouvés, lui qui croyait à la métempsycose, le transvasement de l’âme dans un autre corps.
Jusqu’au 25 août
Nice, 20 avenue Stephen Liégard
Tél. 04 92 07 73 73
Fondation Hartung Bergman, Antibes
Le partage du sensible : Hartung, Bergman, Haass
Elle a été l’amie d’Anna-Eva Bergman et de Hans Hartung, le couple d’artistes abstraits dont on peut visiter la villa-atelier à Antibes. S’ils ont tous trois connu les drames de l’histoire, ils appartiennent à la même famille artistique. Terry Haass a développé une peinture gestuelle qui vient faire écho avec celle de Hans et elle a aussi fait partie des rares qui ont rendu hommage à Anna-Eva de son vivant, à travers un portfolio de collages lithographiques. Les trois artistes sont ainsi présentés ensemble, après la donation Haass dont la Fondation a bénéficié l’an passé.
Jusqu’au 27 septembre
Antibes, 173 chemin
du Valbosquet.
Tél. 04 93 33 45 92
Terry Haass, Fragments of Spitsbergen, 2007, lithographie couleur en hommage à Anna-Eva Bergman, Revue K, Paris. Collection Fondation Hartung-Bergman.© Fondation Hartung-Bergman
Revue The Studio, août 1930, N°449, Francis Bacon MB Art Foundation, Monaco © MB Art Collection
Espace de l’Art Concret, Mouans-Sartoux
Francis Bacon, l’âge d’or du design
Avant de devenir l’un des plus grands artistes de la condition humaine, Bacon créait des meubles design au début des années 1930. On retrouve d’ailleurs cette influence dans les scénographies de ses tableaux. Autour de son mobilier, prêté par la Francis Bacon MB Art Foundation de Monaco, sont regroupées des pièces de très grands noms du design français qui l’ont influencé* : une table basse en métal chromé d’André Lurçat, un tapis en velours ultra-graphique d’Eileen Gray, mais aussi des toiles de Léger et Picasso. Enthousiasmant.
Jusqu’au 5 janvier
Mouans-Sartoux, Château de Mouans. Tél. 04 93 75 71 50
Musée national
Fernand Léger, Biot
Léger et les nouveaux réalismes
En attendant que le MAMAC de Nice ait fait peau neuve, ses collections voyagent hors les murs, ce qui a permis d’ouvrir ce dialogue fécond entre les toiles joyeuses de Léger, pionnier de la modernité, et des pièces de Niki de Saint-Phalle et bien d’autres créateurs liés au mouvement des Nouveaux Réalistes*. Des artistes auxquels on a donné ce nom, en référence à un terme qu’utilisait déjà lui-même Léger à son époque, parce qu’ils ont réinventé l’art en allant puiser des objets dans la vie de tous les jours.
*Arman, Klein, Raymond Hains, Martial Raysse et César.
Jusqu’au 18 novembre
Biot, 255 chemin du Val-de-Pôme
Tél. 04 93 53 87 20
Fernand Léger, Cycliste sur fond bleu, 1950, 42 x 64 cm, lithographie originale, planche de l’album illustré Cirque, Paris, Tériade. Musée national Fernand Léger, Biot.© Rmn-Grand Palais / Gérard Blot / Adagp, Paris, 2024.
Florian Mermin, Souviens-toi de l’odeur du baiser, 2020. © Photo Adrien Thibault
Musée International de la Parfumerie, Grasse
Mondes sensibles
C’est Wagner qui réalisa l’une des premières œuvres d’art total. L’idée ? Mêler tous les arts dans une seule et même création. Aux côtés de trois jeunes artistes contemporains (Tiphaine Calmettes, Camille Correas, et Florian Mermin), qui proposent d’explorer des mondes singuliers, cette exposition présente des recréations olfactives d’œuvres ayant marqué l’histoire de l’art, comme celles du compositeur Alexandre Scriabine, mais aussi d’artistes contemporains emblématiques. Une façon d’aborder l’art autrement que par le seul regard.
Jusqu’au 12 janvier.
Grasse, 2 boulevard du Jeu de ballon. Tél. 04 97 05 58 11
Musée Bonnard, Le Cannet
Bonnard ou la poésie d’un objet ordinaire
On peut peindre des scènes mythologiques, de vastes paysages ou des portraits de notables de ce monde, mais il y a aussi quelque chose de merveilleux à découvrir la beauté de ce qui nous entoure, le quotidien en somme. Par son travail sur la lumière et le miroitement des couleurs, Bonnard est en la matière un maître. Des années 1910 à 1930, l’exposition part à la rencontre de ce vase, ce pot à eau sur lequel apparaît un motif de feuilles et de fruits de cerisiers, qui a fasciné l’artiste au point qu’il apparaît dans une trentaine de tableaux.
Bonnard, the poetry of an ordinary object. Scenes from mythology, vast landscapes and portraits of important people may impress, but there is also something wonderful in discovering the beauty of the things around us. Our everyday world. Bonnard, focusing on light and shimmering colour, is a master of that approach. With this exhibition, we meet the vase (or jug) decorated with cherries and cherry leaves which so fascinated the artist that it features is some thirty of his paintings executed between 1910 and 1930.
Jusqu’au 3 novembre
Le Cannet, 16 boulevard Sadi Carnot
Tél. 04 93 94 06 06