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URBAN GUIDE

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août 2024

Grimaldi Forum Monaco

Turner, le sublime héritage

Cet été, le Grimaldi Forum s’illumine aux couleurs de Turner, en opérant un dialogue inédit entre les œuvres du peintre anglais, précurseur de l’abstraction avec celles d’artistes contemporains.

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Joseph Mallord William Turner, Grenoble vue de la rivière Drac, avec le mont Blanc au loin, vers 1802. Huile sur toile.© Tate
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Peter Doig, Ski Jacket, 1994. Peinture à l’huile sur deux toiles © Peter Doig. All Rights Reserved, ADAGP, Paris, 2024

L’année dernière, l’exposition-événement Monet en pleine lumière a attiré près de 120 000 visiteurs. Cette fois, le Grimaldi Forum nous fait remonter encore plus loin dans l’histoire de l’art. Joseph Mallord William Turner (1775-1851) a jeté les bases de la modernité avec ses toiles baignées de lumière à rebours des règles académiques. Sous le commissariat d’Elizabeth Brooke, conservatrice générale et chef de projet à la Tate Modern, environ 80 toiles et œuvres sur papier ont été rassemblées ici, rappelant à quel point Turner a élevé la peinture de paysage au rang d’art majeur, grâce à ses effets atmosphériques rehaussés d’or et d’argent. Que l’on se trouve devant ses versions irradiantes de la lagune de Venise, face aux nuages tourmentés de ses tempêtes marines ou à l’immensité de ses ciels et reliefs montagneux, Turner nous entraîne dans une conception de la beauté qui touche au sublime. Fondé sur l’émotion ressentie devant les forces de la nature, ce concept majeur de la critique d’art de la fin du XVIIIe siècle a été théorisé par Edmund Burke dans son ouvrage, Recherche philosophique sur l’origine de nos idées du sublime et du Beau (1757).

 

Un lien passé-présent

Étendue sur 2 000 m2, cette exposition permet d’aborder l’œuvre de William Turner sous un prisme nouveau. « Les 15 artistes présentés aux côtés de Turner ont tous été soit influencés, soit associés à son approche engagée de la nature voire l’ont parfois remise en question. Ces œuvres contemporaines parsemées dans l’exposition montrent la pertinence encore aujourd’hui des explorations du sublime dans les paysages de Turner », raconte Elizabeth Brooke. Turner, le sublime héritage débute avec Totality de Katie Paterson, une installation entre ombre et lumière qui s’attache à matérialiser le phénomène d’éclipse solaire. Turner avait pour habitude d’accueillir ses invités dans sa galerie privée de Londres en les plongeant dans une salle toute noire, intensifiant ainsi l’expérience de la lumière et des couleurs face aux tableaux. Des tableaux qui nous transportent au cœur de la campagne anglaise, source d’inspiration pour Richard Long, figure emblématique du land art, représenté ici avec son Cercle en ardoise de 1979. Le parcours s’élève ensuite vers les montagnes, tantôt majestueuses, tantôt témoins d’avalanches, écho magnifique aux 30 prises de vue aériennes de glaciers d’Islande de Ólafur Elíasson ou encore au diptyque quasi-psychédélique de Peter Doig, Ski Jacket. La suite immortalise les grands sujets empruntés aux scènes mythologiques ou bibliques comme l’illustre Tobie et l’ange. La clarté saisissante avec laquelle Turner s’empare de Venise est également source d’inspiration. Quand le Howard Hodgkin charge la toile de carborundum jusqu’à saturation pour représenter la Cité des Doges de nuit, Laura Prouvost nous emporte dans les confins de l’imaginaire avec Deep See Blue Surrounding You, une installation conçue pour le pavillon français à la 58e Biennale de Venise. Turner était aussi ce peintre des mers et tempêtes. Les marines comptent pour plus de la moitié de son œuvre dont la plus célèbre est indiscutablement Hourra ! pour le baleinier Erebus ! de 1846. Dans les dernières années de sa vie, Turner met en lumière ce qui demeure : les horizons et les lignes droites qui divisent les zones de couleur, rappelant l’œuvre de Rothko. Une phase d’expérimentation qui, au-delà de sublimer les paysages, explore les progrès techniques de son temps, montrant à quel point sa manière d’être à l’avant-garde bouleverse encore aujourd’hui.

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Mark Rothko, Sans titre, 1969. Peinture acrylique sur papier.Tate.© 2000 Kate Rothko Prizel & Christopher Rothko - ADAGP, Paris, 2024
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Joseph Mallord William Turner, Quai de Venise, palais des Doges, exposé en 1844. Huile sur toile.
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Howard Hodgkin, Série Vues vénitiennes, Venise, Après-midi, 1995. Eau-forte, aquatinte et rehauts de couleur à la main sur papier vélin Arches.© Tate ©ADAGP, Paris, 2024
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Joseph Mallord William Turner,Trois Marines, vers 1827. Huile sur toile. © Tate

Turner, le sublime héritage. 

En dialogue avec des artistes contemporains

Jusqu’au 1er septembre 2024

Tous les jours de 10h à 20h

Nocturnes : les jeudis jusqu’à 22h 

(sauf le 29 août reporté au vendredi 30 août)

 

Grimaldi Forum Monaco- Espace Ravel

10 avenue Princesse Grace, Monaco

Tél. +377 99 99 30 00

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