Fondation Marguerite et Aimé Maeght
60 ans d’histoire et de renouveau
Cet été, la fondation saint-pauloise célèbre son anniversaire en inaugurant quatre nouvelles salles d’exposition autour de sa collection permanente, et à travers plusieurs concerts.
Par Tanja Stojanov
k Les larges baies vitrées des deux grandes salles de l'extension donnent sur la pinède à l’arrière du bâtiment, où une nouvelle promenade extérieure a été aménagée.
Le programme d'extension achevé, les visiteurs peuvent découvrir la grande salle d'exposition creusée en sous-sol sous la cour Giacometti.
© DR
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Pour comprendre ce que représente la Fondation Maeght, il faut revenir aux origines en 1964. À l’époque, le Musée d’Art Moderne et d’Art Contemporain de Nice et l’Espace de l’Art Concret à Mouans-Sartoux n’existent pas, pas plus que la Fondation Hartung-Bergman à Antibes ou la Fondation Bacon à Monaco. Le lieu fait d’emblée figure de pionnier dans la région, et c’est d’ailleurs la première fondation d’art contemporain créée en France. Le bâtiment est construit par l’architecte Josep Lluís Sert, à la demande des galeristes parisiens Marguerite et Aimé Maeght, et pensé en quelque sorte comme un bâtiment durable. « En creusant les fondations, ils ont trouvé le béton et les briquettes ont été réalisées avec de la terre locale. Les impluviums sur le toit, qui donnent au bâtiment son allure caractéristique, récupéraient autrefois l’eau de pluie et toute la fondation ne dépasse pas la hauteur d’un pin adulte », s’enthousiasme Isabelle Maeght, qui aimait à jouer autour du grand chêne étant enfant et voyait ici comme un château avec son pont à l’entrée entouré de bassins, ses remparts réalisés par Tal Coat et son jardin dont les arbres sont des sculptures vivantes. Si après plus de 150 expositions d’artistes des XXe et XXIe siècle, la fondation fête aujourd’hui ses 60 ans, cet anniversaire marque après quatre ans de travaux une étape importante, avec l’ouverture d’un nouvel étage de visite. Pensée par l’architecte Silvio d’Ascia, cette extension a la particularité de préserver la personnalité du bâtiment en étant presque invisible, puisqu’elle a été creusée en sous-sol sous les espaces de visite habituels.
Mitchell, Kelly et Baya aussi
Aux 850 m2 d’origine sont venus s’ajouter presque 600 m2 – dont 80 m2 de reconversion d’espaces existants – destinés à valoriser la collection permanente, qui compte plus de 13 000 œuvres ! Parmi les plaisirs de cette visite : les livres rares – Adrien Maeght était éditeur de métier et les ouvrages réalisés avec des artistes font partie des joyaux du lieu – et la découverte de deux grandes salles, creusées sous les célèbres cours Giacometti et Miró, et dont les baies vitrées ouvrent une vue panoramique sur la pinède au sud.
« Pour ce premier accrochage, nous avons réuni des maquettes réalisées par les artistes pour la construction de la fondation, des œuvres de Braque, Léger, Chagall, Miró, qui avaient été présentées lors de l’exposition en 1964, mais aussi des œuvres de Joan Mitchell, Ellsworth Kelly et une donation de Baya », s’enthousiasme Isabelle Maeght, administratrice de la Fondation.Et d’ajouter : « Malraux avait expliqué lors de l’inauguration que ce lieu était né par amour et pour l’amour de l’art et des artistes. Le jour de l’ouverture, il y avait donc un concert avec Ella Fitzgerald et Yves Montand, qui était un ami. Je me souviens aussi de ce jour où Duke Ellington était arrivé. Nous étions sortis et le temps que nous revenions, Miró, même s’il ne parlait pas anglais, lui avait fait faire la visite. C’est ainsi qu’est né le Blues for Miró, basé sur le rythme du chant des cigales. » En souvenir de cette époque, une pléiade d’événements sont au programme de l’été : concert de jazz avec Gilles Peterson, soirée rock avec Pete Doherty ou avec DJ le jour de la date anniversaire du soixantenaire le 28 juillet. Le tout agrémenté de danse, lectures et poésie pour un happy 60th.