Pierre Cardin

De l’espace à l’océan, une vision avant-gardiste

Après la mode spatiale des sixties, place aux inspirations marines des dernières collections. Fidèle au style futuriste de Pierre Cardin, la marque se renouvelle et s’engage pour la planète, sous l’impulsion de Rodrigo Basilicati Cardin, petit-neveu et successeur du couturier.

Par Christine Mahé

Robes trois trous en tissu thermoformé, tuniques cible, combinaisons de cosmonautes unisexes, cuissardes en vinyle, ou encore fourreaux lampions… Pierre Cardin a résolument tourné le dos au passé, préférant dessiner les contours d’un vestiaire futuriste et audacieux.
« La mode doit être de demain et non pas inspirée d’hier », affirmait-t-il. Un parti-pris dont il ne s’est jamais départi depuis la création de sa maison de couture en 1950 jusqu’à son décès en 2020 à 98 ans. 

Né Pietro Cardini, il est le dernier des dix enfants d’un couple d’agriculteurs transalpins qui a fui l’Italie de Mussolini. Apprenti tailleur dès l’adolescence, il fait ses premiers pas dans la haute couture chez Jeanne Paquin, Elsa Schiaparelli, Christian Dior, avant que son nom ne devienne le fer de lance d’une mode atypique. Couleurs vives, volumes sculpturaux... il modèle avec hardiesse des silhouettes géométriques comme les fameuses « robes bulles » qui triomphent en 1954. 

Pierre Cardin va aussi développer le prêt-à-porter féminin et masculin dont il est l’un des pionniers. Homme d’affaires avisé, il construit un empire protéiforme, via un système de franchises. Gastronome, il acquiert en 1981 le restaurant Maxim’s de Paris et développe là aussi la marque. Grand amateur d’art et mécène, il possède une galerie parisienne et préside jusqu’en 2016 aux destinées de l’Espace Cardin, haut-lieu culturel de la capitale. Dans le Lubéron, il acquiert également le château du Marquis de Sade à Lacoste où il crée en 2000 un festival estival dédié à la danse, à l’opéra et au théâtre.

Soutenir le « new space »

La success story se poursuit désormais avec
Rodrigo Cardin, petit-neveu du créateur, ingénieur de formation et designer. Depuis octobre 2019, il préside le groupe, écrivant un nouveau chapitre de son histoire. Son intérêt pour le
développement durable et sa vision écologique l’ont amené à  inscrire tout le personnel dans une démarche RSE (Responsabilité Sociétale des
Entreprises). Les tissus éco-responsables et
recyclés occupent aussi une place de choix dans les collections, confectionnées également avec les stocks dormants de la maison. 

Et en 2022, la collection Cosmocorps 3022 est venue confirmer la philosophie « Objectif Terre » du groupe. Présentée au pied d’Ariane-5, au Bourget, elle incarnait le souhait de Rodrigo Cardin de valoriser l’exploration spatiale et le « new space » dédié à la protection de notre planète. L’événement inaugurait ainsi un parte-nariat à long terme avec les grands acteurs du spatial — l’ESA (Agence spatiale européenne), Arianespace, le CNES (Centre national d’études spatiales), le CSG (Centre spatial guyanais) et Thales Alenia Space. 

Tous participent au programme Copernicus qui, par sa myriade de satellites, constitue « un scanner géant veillant sur notre Terre malade ». Une démarche portée enfin par les Prix Bulles Pierre Cardin « Océan&Space for our Planet » qui récompensent les projets en faveur de l’écologie... À son époque, Pierre Cardin créait déjà, dans un esprit futuriste, un design empreint de science-fiction pour une société qu'il imaginait dans 50 ans. Rodrigo Cardin regarde lui vers un futur plus réaliste, celui d'une planète en danger où « désormais l'espace et les océans sont devenus les nouvelles frontières de l'avenir de l'humanité ».

Collections Pierre Cardin 2024

Brillance spatiale et élégance océane

Vibrations bleues et or, hippocampes, nautiles... la maison Pierre Cardin réaffirme son engagement en faveur de l'innovation et de la conscience environnementale, avec des modèles s’inspirant du cosmos mais aussi des océans, comme ceux de ses collections 2024. Pour Rodrigo Cardin, le plan B de notre Terre, c’est plutôt les océans que les autres planètes. « Je voulais porter l’attention sur cette question avec cette collection » confiait-il.