Jean-Philippe Roubaud
« Didascalie VI : A l’ombre de la lumière »
Cet automne, l’artiste investit le Suquet des artistes à Cannes à travers la ligne, le trait et la fragilité du dessin, comme un memento mori. Une exposition qui célèbre l’instant présent avec humour.
Par Tanja Stojanov
Amor fati, 2023, graphite sur papier, 240 x 180 cm. Jean-Philippe Roubaud, ADAGP, Paris 2023
Canope 5, 2023, dessin oxyde sur céramique, 45 x 35 cm. Jean-Philippe Roubaud, ADAGP, Paris 2023
Si Jean-Philippe Roubaud a travaillé pendant 15 ans en duo la peinture, la couleur, il excelle aujourd’hui dans le dessin, et ce en noir et blanc. Une pratique à laquelle il se consacre depuis 8 ans déjà, et dont il transmet les savoir-faire en tant qu’enseignant à la Villa Thiole à Nice. Ce qu’il y a de particulier dans les expositions de cet artiste ? Elles ont toutes pour surtitre « Didascalie », en référence aux notes écrites dans les pièces de théâtre pour donner des indications de jeu aux acteurs. « Je voulais un titre générique qui explique le principe d’une exposition. Chaque exposition est une façon de lire une œuvre, de donner des indications en mettant des œuvres en corrélation et donc d’éclairer une partie du travail », s’enthousiasme Jean-Philippe Roubaud, diplômé de la Villa Arson et qui expose ici pour la première fois dans sa ville natale. Pour cette « Didascalie VI », sous-titrée « A l’ombre de la Lumière », le lieu d’exposition a joué un rôle déterminant. Dans cet ancien hôpital, où la mère de l’artiste avait fait ses études en tant qu’infirmière, Jean-Philippe Roubaud déploie un parcours autour de la finitude de l’art et des êtres, de la mort et la survivance, avec l’humour sérieux qui le caractérise. « Il y a dans toute ma démarche l’idée de sauver l’instant. Si la peinture trimbale avec elle ce sentiment de puissance, le dessin renvoie d’autant plus à cette fragilité », poursuit Jean-Philippe Roubaud. L’exposition s’ouvre ainsi par une série de céramiques, dont émanent des effluves d’huile de lin et de térébenthine. Au fil des salles, on croise le portrait de l’artiste à trois âges de la vie, tout comme son retable renvoyant aux rituels des églises. Ici, Jean-Philippe Roubaud a déposé des fleurs et convié des dizaines de Figurants anonymes, une série de dessins inspirée des personnages secondaires des toiles de maîtres. Un travail généreux par sa virtuosité technique et ancré dans l’histoire de l’art. Magistral.
Jusqu’au 21 janvier 2024
Suquet des artistes
7 rue Saint-Dizier, Cannes