Histoire du mécénat
Les origines
Remontons, sur quelques lignes, vers la Rome antique, quelques dizaines d’années avant J.-C. C’est en effet sous le règne d’Auguste que nous allons rencontrer l’homme à la naissance du mécénat, l’ami et protecteur des artistes, Gaius Cilnius Maecenas, francisé en Mécène.
Par Valérie Rouger
Giambattista Tiepolo (1696-1770), Mécène présentant les arts libéraux à l’empereur Auguste.
Musée de l’Ermitage Saint-Pétersbourg.
La Rome d’Auguste, contexte historique, s’épanouit sous une gouvernance authentiquement républicaine, les institutions telles que sénat, consulats, magistratures étant maintenues, l'empereur considéré alors comme primus inter pares, « premier entre ses pairs ». Surnommé le « vénérable, majestueux », Auguste a la réputation d’être un « modèle de générosité pour tous, d’une fidélité à toute épreuve envers ses amis (1). » Parmi les plus notoires, Gaius Cilnius Maecanas. Mêlant stratégie politique et amour de l’art, il fut le premier homme politique à avoir, jusqu’à sa mort, protégé, fréquenté familièrement, orienté même, les plus grands poètes du temps. « Son hégémonie littéraire est à ce point absolue qu’il a pu […] édifier ce panthéon poétique que constituent les grandes œuvres, lyriques ou épiques, de l’ère augustéenne (2). » Diplomate, chargé des négociations les plus ardues, fin médiateur, il est aussi homme de l’ombre, plénipotentiaire habile. Vers l'âge de 40 ans, se retirant de la sphère politique, il se consacre aux arts et en particulier aux lettres, en tant que financier et protecteur des plus grands artistes de son temps. Il prend ainsi sous son aile Virgile, Horace et Properce, qui lui doivent leur carrière. « Il mit tout en œuvre pour encourager les talents de son époque. Il écouta sans lassitude avec bienveillance, la lecture des poèmes des ouvrages d'histoire et même des discours ou dialogues (3). »
Mécène crée le mécénat
Si l'on parle encore aujourd'hui du « Siècle d'Auguste » pour désigner la formidable production littéraire et artistique de l'époque, c'est bien à lui qu'on le doit. Il sut détecter les auteurs les plus prometteurs, à qui il offrit la stabilité financière (Horace, par exemple, ruiné lorsqu'il rencontre Mécène, reçoit une généreuse rétribution et une villa près de Tibur) et une certaine protection. Il commande également des œuvres à des artistes déjà reconnus. Son action de patronage est donc dictée par l’intérêt supérieur de l'Etat, unir le peuple romain dans un idéal de gloire et de majesté, symbolisé par ce second âge d'or chanté par Virgile. Ce dernier lui dédie les « Géorgiques » et Horace lui consacre plusieurs de ses « Odes ». Il faudra attendre 1 526 pour que le nom commun de « mécène » n'apparaisse pour désigner une personne fortunée mettant son argent à la disposition des artistes et collectionnant leurs œuvres avec d'importantes commandes. Mais cette période est une autre Histoire…
(1) : Eutrope, Abrégé de l'histoire romaine, Livre VII, Ed. Garnier Frères, nouvelle édition 1865.Traduction française : N.- A. DUBOIS.
(2) : Mécène : Essai de biographie spirituelle, par Jean-Marie André. Presses Universitaires. Franche-Comté, 1er janvier 1967.
(3) : La vie des douze Césars, par Suétone, Auguste 89.
(2) : Mécène : Essai de biographie spirituelle, par Jean-Marie André. Presses Universitaires. Franche-Comté, 1er janvier 1967.
(3) : La vie des douze Césars, par Suétone, Auguste 89.