Voilà quinze ans que Richard Mille secoue le monde de l’horlogerie avec ses boîtiers high-tech. En pleine crise d’adolescence, l’indépendant n’a pas fini de nous surprendre. Joyeux anniversaire Monsieur Mille !
COTE : quinze ans, c’est un peu l’âge de la rébellion, non ? Comment le vivez-vous ?
Richard Mille : J’ai pris le risque de faire les choses exactement de la façon dont je voulais les faire, sans jouer la sécurité. En toute honnêteté, c’est un sentiment incroyable d’être arrivé là où nous en sommes. C’est toujours agréable de constater la place que la marque a prise dans la haute horlogerie, parmi les plus grandes maisons.
Indépendant, vous faites figure d’électron libre dans un domaine très structuré. Cela vous plaît-il ?
Bien sûr, il n’y a pas d’autre manière de travailler que d’être indépendant. C’est même la clé de notre succès. J’assume la responsabilité de toutes les décisions et je travaille avec une équipe motivée qui partage ma passion. Ainsi, nous réagissons très rapidement aux nouvelles tendances en conservant toujours une longueur d’avance.
Vendre des montres à six chiffres, avec un design anti-conventionnel, ça relève de l’exploit, non ?
Cela s’explique très simplement : j’ai développé un créneau dans lequel il n’existait pas de concurrence... Les passionnés recherchaient quelque chose d'inédit, de moderne et de réellement différent. La première montre a reçu un accueil formidable, comme si c’était une évidence. La marque a ainsi très vite rencontré son public.
Quel bilan tirez-vous de ces quinze années ?
Je suis fier d’avoir ouvert la haute horlogerie à des concepts totalement novateurs. Il y a quinze ans, il n’existait rien de semblable pour nos montres. Les tourbillons munis de boîtiers, de pièces en titane, la première utilisation de nanofibres de carbone, d’indicateur de couple, de sélecteur de fonctions, d’un mouvement à rattrapante, et j’en passe... Aujourd’hui, suite à l’impulsion donnée, les horlogers sont plus nombreux à prendre des risques et tenter d’autres innovations.
Vous avez une belle équipe d’ambassadeurs. Comment les choisissez-vous ?
L’horlogerie, visible au travers d’une loupe, doit s’ouvrir au monde, à l’art, au sport, au lifestyle. J’adore confronter nos produits aux difficultés réelles. C’est pour cela que les disciplines choisies correspondent à des sports extrêmes dans lesquels des montres mécaniques sont poussées dans leurs derniers retranchements. Je suis fasciné par les personnalités hors normes, ayant une vision nouvelle, une détermination et une facette romanesque. Observer, bien réfléchir, puis se lancer et foncer : c’est une méthode de travail qui marche ! Avec eux, nous expérimentons, c’est un vrai laboratoire de tests à échelle humaine.
Qui est le client Richard Mille ?
Nos clients recherchent quelque chose d’exclusif, de différent. Ils s’enthousiasmeront pour tout modèle qui bouscule les normes. Le client Richard Mille n’est pas à la recherche d’une reconnaissance sociale ; ce sont de vrais érudits avec un long parcours initiatique dans le secteur horloger. On va vers des domaines inattendus et, in fine, les clients animés par la même passion nous comprennent.
Parlez-nous des nouveautés 2016. Quelles sont les pièces majeures ?
Nous avons présenté trois nouveautés au SIHH*. Un modèle automatique extra-plat très élégant, la RM 67-01, un chronographe à rattrapante, la RM 50-02 ACJ Tourbillon, conçu en collaboration avec Airbus Corporate Jets, et un incroyable stylo-plume mécanique, le RMS05. D’autres seront présentées plus tard dans l’année, ne les manquez pas !
Dans une période de crise, vous n’êtes qu’une poignée à être en bonne santé et, même, à créer des emplois !
Si vous continuez à fabriquer de nouvelles montres, contemporaines, en acceptant de prendre des risques, vous pouvez vous en sortir même dans le contexte actuel. Il suffit de faire tout son possible pour assurer le respect d’un rapport de proximité avec nos clients, sans jamais le considérer comme acquis. Peut-être est-ce la raison pour laquelle 2015 fut pour nous une année record, en dépit de tous les troubles qui agitent le monde d’aujourd’hui.
Quels sont vos prochains défis ?
Je ne peux pas vous dévoiler les nouveaux projets, il vous faudra patienter quelques semaines. Mais je peux vous dire qu’il y en aura beaucoup et que nous allons nous tourner vers de nouveaux terrains de jeu.
Votre leitmotiv au quotidien ?
Rien n’est impossible à réaliser. Il existe toujours une solution !
Le SIHH* a mis à l’honneur des horlogers indé-pendants. Que pensez-vous de cette démarche ?
On aurait dû le faire depuis des années ! Nous devons être ouverts à toute création sérieuse, même à petite échelle... En outre, ces artisans maintiennent des traditions, des savoir-faire. Même si nous travaillons sur l’avenir, vous trouverez dans nos montres toutes sortes de finitions faites à la main et de détails basés sur des techniques traditionnelles. Je me réjouis que les indépendants préservent ces principes pour les générations futures. Richard Mille est l’une des très rares entreprises horlogères indépendantes en Suisse et, par conséquent, nous partageons les mêmes défis.
* Salon International de la Haute Horlogerie.
* Salon International de la Haute Horlogerie.