Les trophées d’ArchiCOTE sont une invitation à l’imaginaire et portent la signature de Sacha Sosno. Hommage à l’artiste avec sa femme Mascha qui a partagé sa vie, de Paris à New York, aux quatre coins du monde.
Sur la colline de Bellet, offrant une vue imprenable de la Côte d’Azur, l’atelier s’active pour préparer les grands accrochages dédiés au plasticien, disparu en décembre dernier, qui a créé les sculptures remises aux lauréats du concours ArchiCOTE. « Ces pierres sont percées par cette forme carrée si caractéristique. Elles sont comme un pont entre l’art et l’architecture », témoigne Mascha Sosno. Après l’exposition hommage de la ville de Mougins, c’est cette fois le musée Regards de Provence, à Marseille, qui déploie jusqu’au 11 janvier la rétrospective « Sacha Sosno et les écoles de Nice ». Un dialogue privilégié entre une cinquantaine de ses créations et celles de tous ces artistes devenus internationaux, qui ont participé à la grande aventure niçoise dès la fin des années 50 : Yves Klein, Martial Raysse et tant d’autres.
Premier rectangle au crayon
Né à Marseille, Alexandre Joseph Sosnowsky grandit entre Riga et Nice, où il a Henri Matisse pour voisin. Après une escale à Sciences Po Paris, il crée à son retour la revue Sud-Communications, dans laquelle il énonce la première théorie de l’école de Nice. Puis il devient reporter de guerre au Biafra, au Bangladesh et en Irlande. « Sacha allait souvent au cinéma avec Arman. Un jour, il lui a montré une photo en noir et blanc où il avait dessiné un rectangle rouge. Il voulait savoir si cela avait déjà été fait. Arman lui a répondu que non », raconte Mascha. C’est ainsi qu’est né le concept d’oblitération, celui de cacher pour mieux voir, qu’il développera en peinture, en sculpture et en architecture. Elle poursuit : « Au départ, j’accrochais ces tableaux au mur comme des icônes, mais il me disait “surtout pas, c’est l’œil qui crée l’œuvre. »
Rendez-vous à la Tête carrée
Si Sacha Sosno avait un rêve, c’était de s’évader sur les flots. « Il m’a offert une poulie et très vite nous avons acheté le bateau de nos rêves. Nous sommes partis trois ans », s’enthousiasme celle qui l’a suivi dans toutes ses pérégrinations artistiques. Comme il mobilisait beaucoup ses mains sur le navire, ce créatif s’attaque alors à la matière : d’abord le plâtre et le bronze, et puis l’acier découpé, le marbre et l’aluminium. Son œuvre la plus célèbre est sans conteste la Tête carrée de la bibliothèque Louis Nucéra, la première et seule sculpture habitée au monde. Et partout, ce grand littéraire nous a laissé son témoignage. Du visage de femme, qui émerge de la façade de l’hôtel Élysée Palace à Nice, au cheval majestueux de l’hippodrome de Cagnes-sur-Mer, il a parsemé l’espace urbain de sa poésie.
Par Tanja Stojanov