Julie Pailhas
L'art inspirant du quotidien
Par Caroline Guio
Son nom vous interpelle ? Son père, Roger, fut un grand galeriste marseillais dans les années 1990-2000. Sa sœur, l'actrice Géraldine, est une habituée des plateaux de cinéma. Julie, elle, confirme depuis quelques saisons une renommée grandissante dans la cité phocéenne. Sans faire de vagues, en toute discrétion, installée au cœur d'un petit appartement perché dans le quartier Vauban, choisi pour son âme, son authenticité et sa lumière. En haut d'une envolée d'escaliers, elle niche, singulière et talentueuse dénicheuse de talents, guidée par ses coups de cœur. Curatrice, galeriste, directrice artistique, après 20 ans passés à Paris dans la presse mode et les arts décoratifs, elle est revenue dans sa ville natale pour mettre en scène sa galerie Objets Inanimés, entre design et mobilier qui l’animent, la font vibrer. Et on adore l’idée de cette découverte ! Nourrie par l'art, les ventes aux enchères, et entourée de collectionneurs passionnés, elle a été entraînée à « voir du Beau ». Amoureuse des lignes, des courbes, des belles veines et des textures métissées, mates ou brillantes, laquées ou en bois, elle apporte à nos intérieurs un chic instantané ! Aux côtés de pièces vintage signées ou anonymes (un fauteuil Marcel Breuer, Pierre Jeanneret, une lampe brutaliste des années cinquante, une coupe Art déco des années vingt…), débusquées avec une intuition sans faille, elle prend soin d'une quinzaine d'artistes triés sur le volet, mélangeant talents et médiums. Parmi eux, les céramistes Olivia Cognet et Elisa Uberti, le designer Axel Chay (qui a réalisé un lampadaire exclusivement pour la galerie), ou encore l’artiste sculpteur Yasmin Bawa, à découvrir cet automne. Cette dernière façonne tables-totems et sculptures murales dans un rituel artisanal noble et délicat, où le chanvre se mêle instinctivement à la chaux polie. Des pièces contemporaines uniques, innovantes, non manufacturées, utilitaires, qui suscitent l’envie de collectionner : bustes, colonnes, quilles, osier sculpté, assises, tapisseries murales… La transversalité de l’ensemble est cohérente, presque évidente : « pour que chacun se sente magnifié. Face à la standardisation, il faut ramener une âme entre les murs du quotidien. » Personnalité étonnante, souvent soulignée de noir, Julie Pailhas évoque pour Marseille un amour solaire et passionné. Autour de ce projet hybride, désormais pleinement abouti, le partage est sa quête ; sa newsletter, son journal de bord. Tout comme la musique, le bon vivre, trinquer et manger, elle célèbre l’art d’être, tout simplement, en très belle compagnie d’usages et de formes, face à la Méditerranée.