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VIVRE SA VILLE

De la création de produits originaux aux nouvelles technologies de l’information et la communication, les entreprises locales sont un véritable atout de la région. Economie, banque, immobilier, urbanisme, architecture… cette rubrique se place au plus près des initiatives et transformations de nos villes. Ici, le concours
septembre 2021

Maison R & C

Des commissaires-priseurs en sneakers

Après un début de carrière classique, Romain Rudondy et Yonathan Chamla, commissaires-priseurs,
imaginent ensemble une nouvelle maison de vente aux enchères.

Par Clotilde Roux

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Une salle des ventes qui se transforme en lieu culturel accueillant régulièrement des expositions. Comme ici Real Utopias, lors de Manifesta 13 Marseille 2020.
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Pour Romain Rudondy et Yonathan Chamla, la spécialisation est la clé du nouveau marché.

Leur parti pris ? Développer les ventes sur un axe Paris-Marseille, et ne proposer que des ventes spécialisées, dans un esprit de luxe et de collection. La Maison R & C, créée en 2017, agréé Drouot en 2020, s’impose par son dynamisme, sa vision du marché et la créativité débordante de ses deux fondateurs passionnés, qui entendent bien moderniser la profession… en commençant par le style vestimentaire. Rencontre avec Yonathan Chamla.

Le positionnement de votre maison de vente est assez unique en son genre ?
J’ai rapidement eu l’idée d’une maison de vente qui ferait le lien entre Marseille et Paris. Romain avait également une vision particulière sur la spécialisation des ventes. Ce qui nous intéresse c’est de sélectionner des lots par rapport à leur caractère collectionnable, et pas uniquement par rapport à leur valeur. On peut présenter tout type d’objet, toute époque confondue, mais il faut qu’il soit catégorisé (meubles anciens, tableaux anciens, modernes, contemporains, bijoux d’artistes, maroquinerie de luxe, objets d’art du XXe  siècle…)

Votre maison de vente est dite « nouvelle génération » ?
Nous avons toujours considéré qu’il fallait dépoussiérer la profession, casser l’image du commissaire-priseur austère, tout puissant et à l’ego surdimensionné. Nous essayons de changer les codes tout simplement. Par exemple, je réalise mes ventes comme je l’entends, en sneakers, car je suis passionné et collectionneur depuis tout petit. Nous essayons de nous démarquer sur les réseaux sociaux par des vidéos un peu décalées pour vulgariser la profession, pour la rendre accessible et faire venir le plus grand nombre dans des salles de vente aux enchères.

A quoi ressemble-t-elle ?
Nous avons commencé notre activité en 2017, ouvert un bureau à Paris en 2018 et acheté des locaux à Marseille en 2019. Nous avons beaucoup réfléchi à la manière de présenter les lots, que nous voulions mettre en valeur, comme dans une galerie. Dès le début, nous voulions faire de notre lieu de vente un lieu culturel. Nous l’avons donc pensé comme un petit musée dont les collections tournent. Quand il n’y a pas de ventes pour le faire vivre, nous proposons à des curateurs de faire des expositions, pour promouvoir la création artistique du sud de la France.

Quelle est selon vous la définition d’un commissaire-priseur ?
Il est avant tout un expert. On le compare à un médecin des objets, qui doit établir un diagnostic pour, au final, établir un prix. Il doit être également un vrai commercial. Aujourd’hui, on est obligé d’aller chercher des lots, de faire de la communication, de travailler notre image. Enfin, un commissaire-priseur ne peut être que curieux et passionné. Il faut aller chercher l’information afin d’établir l’expertise la plus précise possible. On apprend tous les jours, c’est ce qui est enrichissant ! Nous travaillons avec une cinquantaine d’experts qui nous accompagnent dans la connaissance de leur spécialité (art africain, bijoux anciens, etc.).

Est-ce que dernièrement les ventes aux enchères ont été considérées comme une valeur refuge ?
Notre activité se porte bien et j’estime que c’est dû à plusieurs phénomènes. D’une part, les gens ont diversifié leurs achats, et leur intérêt pour les ventes aux enchères a grandi. Pendant le confinement, les ventes en ligne ont très bien fonctionné. D’autre part, beaucoup de gens ont décidé d’investir en période de crise, notamment les pays d’Asie. Enfin, le caractère social et humain joue énormément. Les voyages ont été remplacés par le besoin de nouveauté et l’envie d’offrir des cadeaux, donc les gens se font plaisir en acquérant des objets uniques.

Et la suite ?
Nous réfléchissons à étendre notre modèle et nous installer dans d’autres grandes villes de France.

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