Le Fonds Epicurien. Du cœur à l'assiette
Créé en 2014 par un groupe d'amis amoureux du Bon et Bien Vivre, ce fonds de dotation a pour vocation de soutenir l'alimentation durable en Provence. Propice à créer vocations et synergies, à partir des saveurs et trésors d'une région bénie des dieux.
Les Grands Marchés des Grandes Tables, Friche la Belle de Mai, Marseille./© Pascal Delcey
3. Graines de Soleil, Châteauneuf-les-Martigues. Jardin d'insertion, maraîchage biologique./ © Pascal Delcey
La présidente Tatiana de Williencourt sur les chemins buissonniers de Cuges-les-Pins, avec les chèvres de l'éleveur Luc Falcot.
Association Terre de Mars, quartier de Sainte-Marthe à Marseille. Traiteur & agriculture urbaine. Sur cet hectare en maraîchage diversifié, une quarantaine de légumes cultivés au fil des saisons, sans mécanisation lourde et sans chimie.
Dans la mouvance du mouvement Slow Food, arrivé tout droit d'Italie dans les années 1980, Tatiana de Williencourt, Présidente du Fonds Epicurien, se souvient très bien d'avoir adhéré à une prise de conscience qui ne l'a plus lâchée depuis… Faire Bon, Propre et Juste : pour notre santé quotidienne, avec des produits sains, riches en vitamines et oligo-éléments ; pour assurer la meilleure transmission possible de la terre aux générations futures ; et enfin, pour respecter et rémunérer à leur juste valeur, agriculteurs et producteurs à travers des circuits directs, jusqu'aux consommateurs. Ainsi s'est tracé le chemin… « Dans ce territoire d'expressions multiples, gâté par le soleil, l'eau, les marchés, il nous semblait urgent de réagir contre l'appauvrissement de l'offre alimentaire et bien sûr, des produits régionaux. La mondialisation n'est pas une fatalité. Nous avons les moyens à notre échelle, de les contourner pour vivre mieux » Aujourd'hui, le Fonds Epicurien, fort de l'engagement philanthropique de ses donateurs, c'est 750 000 euros de dons, 102 événements organisés, 74 initiatives soutenues, du champ à l'assiette !
Production, distribution, transmission, attachement viscéral au territoire…
La ferme Le Talus, projet pilote de transformation d'une friche urbaine en espace agroécologique, fertile et cultivable, est un exemple prometteur d'une triple viabilité participative : environnementale, sociétale, économique. « Le projet a recréé du lien dans le quartier, les habitants se reconnectent à l'essentiel, se retrouvent à la buvette, testent ateliers et formations. La production et la vente de Mesclun sur sol vivant, la location de bacs potagers, le pôle de compostage collectif, la cantine végétarienne attirent les curieux de tous âges et tous les milieux. Tel un laboratoire à ciel ouvert, le Talus cherche à inspirer ses prochains et essaimer son modèle partout, sur le pourtour méditerranéen. » Autre exemple de soutien actif, l'engagement auprès de l'association Pistache en Provence, présidée par Olivier Baussan, qui défend et relance la culture oubliée du pistachier. Résistant à la sécheresse comme aux hivers froids et secs, sujet aux recherches variétales les mieux adaptées, cet arbre d'avenir dessine dans le paysage des vergers propices à la diversification, dont les fruits cachent sous leurs petites coques, des bienfaits à haute valeur nutritive. A consommer donc sans modération… Tout comme l'attention portée à la Brousse du Rove, autre produit-sentinelle enfin récompensé par le label AOC, qui a fait l'objet d'un passionnant petit ouvrage aux éditions de l'Epure. Un hommage aux chevriers d'hier et d'aujourd'hui qui perpétuent un pastoralisme essentiel : en débroussaillant les ressources fourragères spontanées des espaces naturels, les biquettes arpentant chaque jour les collines débroussaillent à leur rythme… Parmi les grands projets mis en route pour la rentrée 2021, l'Ecole Comestible initiée par Camille Labro devrait aussi réintroduire l'éducation au goût et aux bons produits parmi les plus jeunes, avec des écoles-pilotes à Marseille et à Aix-en-Provence. Du CP au CM2, les petits écoliers provençaux auront pour professeurs, des enseignants, nutritionnistes, chefs, agriculteurs, jardiniers, très investis dans leur mission : en faire des citoyens attentifs à demain. En commençant par respecter les récoltes de saisons, histoire d'oublier définitivement tomates et fraises dans les assiettes, en plein cœur de l'hiver ! « Une démarche écologique, humaine, vertueuse et délicieuse », souligne la journaliste militante. Parce qu'il est devenu prioritaire de se reconnecter à la terre.
Pour en savoir plus :
fonds-epicurien.fr
letalus.com
pistacheenprovence.com
ecolecomestible.org
cite-agri.fr
A lire, à consulter : « Brousse du Rove, l'Appel des Collines », Editions de l'Epure.
« L'Annuaire plantureux et tentaculaire de l'Agriculture et de l'Alimentation Durable », disponible à Marseille, à la Cité de l'Agriculture.