Museon Arlaten
L’Arlésienne
L’Arlésienne, c’est celle qu’on attend encore et toujours, avec patiente car elle est belle, parfois reine, toujours vêtue de ses atours soyeux. Il en va ainsi du Museon Artaten dont la réouverture a été mainte fois repoussée et qui enfin arrive avec ce printemps..
Par Dominique Juan

L’élégante intervention de l’architecte Michel Bertreux sur ce musée symbole de la Provence.
En 1896, Frédéric Mistral créait ce « Panthéon de la Provence ». Pour ce faire, il lançait une collecte d’objets auprès de la population afin d’enrichir ce musée d’histoire et d’ethnographie, réunissant par là-même un ensemble de quelque 40 000 pièces qu’il s’est chargé en partie de décrire. Un siècle plus tard, Jean-Maurice Rouquette figure locale suivi par la non moins reconnue Dominique Serena aujourd’hui à la retraite, veillaient sur ce trésor de l’histoire et du territoire. C’est Dominique qui déclenche la campagne de travaux de rénovation et enfin le musée rouvre aujourd’hui. Ce qui fut tour à tour forum, puis hôtel particulier de Laval, annexant au passage une chapelle jésuite, en bref tout cet ensemble architectural acheté par Mistral avec les deniers de son Nobel est aujourd’hui sous la houlette du Département. La direction des travaux a été confiée à l’architecte Michel Bertreux qui nous a offert un voyage dans le temps et l’espace. Dans les escaliers et les ascenseurs, la transparence du verre porte nos yeux depuis les vestiges bien agencés du forum jusqu’aux étages des expositions.
Le Museon bien-aimé
L’entrée garde encore sur son fronton un médaillon de l’Arlésienne. Franchir les portes de l’Arlaten, c’est pénétrer dans l’intimité de la région, découvrir la nation gardianne, feuilleter un roman historique, renouer avec la passion du félibrige, hériter de la ferveur populaire. Pour remettre à l’honneur ce patrimoine immatériel, il fallait « de la gratitude et de l’amour » affirme le créatif Christian Lacroix pressenti pour décorer les halls. De grands panneaux décoratifs reprennent quelques objets fétiches en de larges patchworks éclatants de couleurs, brouillant les pistes des échelles. Il s’agit bien d’amour et de gratitude car chaque famille locale a quelque chose à voir avec le musée. Qui une photo, qui une toutouro (trompette de la Saint Jean qui éloignait les mauvais esprits), qui une robe, un ruban, une vannerie, un bijou comme ce beau coulas d’or bracelet… Léo Lelée rappelle à nos générations en quelques planches les gestes essentiels pour nouer un fichu, une coiffe, les scènes se succèdent, de la chambre de l’accouchée, à la veillée calendale, mais aussi la vitrine comtadine qui évoque le shuadit mêlant provençal et hébreux jusqu’aux installations de Rivière qui évacue les mannequins pour ses scénographies… Personne n’est oublié dans cette histoire de vies. Les nouveaux outils explorent des approches didactiques, le virtuel remplace le traditionnel cartel, innovant et ludique pour une visite inoubliable. Toute la poésie d’un territoire nous est livrée.
Possibilité de visites commentées, individuelles ou
en groupe de 10 à 25 personnes
Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h - Fermé le lundi
29 rue de la République, Arles - Tél. 04 13 31 51 99

La transparence des coursives dévoile la décoration

du très inspiré Christian Lacroix. / © Rémi Benali, Cd13-Coll.
