Choisis par André et Coqueline Courrèges, les deux repreneurs de la maison, anciens publicitaires, ont une mission : réveiller une belle endormie. Pari tenu ! La magie opère toujours !
Courrèges est une source inépuisable d’inspiration. Comment l’expliquez-vous ? André ne s’est inspiré de rien et il a créé un style génial ! Certains stylistes dépassent parfois la simple inspiration pour plagier le style Courrèges. C’est agaçant, mais quand on regarde la robe de plus près, la copie n’égale pas l’original. Il y a une spécificité de montage et de technique inimitable. On a envie de dire aux plagiaires : inventez quelque chose comme André l’a fait en son temps ! À lui seul, il a imaginé la notion de « luxe pop », ni arrogant, ni distant. Il défend les valeurs du « pop’timisme », une joie de vivre et une proximité avec les gens. Pénétrez dans la boutique, il n’y aucune intimidation.
Pouvez-vous définir ce « luxe pop » ? Nous sommes dans les prix du luxe avec des finitions haut de gamme, mais avec une dimension arty et populaire, à la manière de Warhol. Courrèges s’inscrit dans le réel. Les robes sont gourmandes, faciles à porter. Quand on collabore avec Eastpak (la collection est en boutique), on ne se trahit pas. L’esprit Courrèges est bien là ! Cette proximité fait partie de notre ADN. Dans les années 60, André et Coqueline ne parlaient pas qu’aux riches. Ils voulaient changer le monde.
Comment expliquez-vous ce succès, encore aujourd’hui ? « Une femme en Courrèges est soumise à une poussée d’optimisme », dit André Courrèges. Elle donne envie aux femmes de se faire plaisir et de s’affirmer. C’est une mode ludique. Nos pièces donnent du maintien et du chic à tous les corps, et l’envie d’être élégante n’a pas d’âge. La marque est souvent liée à un souvenir précis. Un homme nous a confié être tombé amoureux la première fois d’une femme en Courrèges. Cette émotion nous impose un devoir moral.
Comment sont créées les collections actu-elles ? Les formes restent très pures. On a eu la chance de trouver une équipe jeune ayant fait ses débuts avec André Courrèges. Elle est habitée par la génétique du style. Désormais, les produits iconiques ne représentent que 20 % de la collection. Les matériaux et les couleurs évoluent, nous inventons de nouveaux tissus. Nous sommes une marque de design qui porte en elle le gène de l’innovation.
Pas de directeur artistique, pas de défilé… Pourquoi ce choix ? C’est une grande maison, qui n’est pas à la taille économique qu’elle devrait être. Si on organise un défilé, il doit être grandiose. Courrèges doit, avant tout, reprendre de la place. Pour le stylisme, la plate-forme de création fait notre force. Pendant des années, Coqueline a su la préserver.
Quels sont vos projets ? On inaugure notre « Pop store », au sein de la boutique parisienne. Il vivra au rythme de l’actualité. Aujourd’hui, il est dédié au relancement de notre parfum Courrèges in blue. Demain, la cliente y découvrira nos collaborations ou nos accessoires. On souhaite aussi lancer une ligne homme. On a rapatrié tout ce qui était en licence – parfums ou lunettes. Notre objectif premier est de faire essayer nos créations. Lorsque le zip d’une robe se ferme, la cliente succombe.
Par Julie de los Rios