Ce pourrait être un extrait du poème de Paul Éluat : « Liberté, j’écris ton nom. » Liberté de taguer, liberté dérangeante quand elle provoque avec une maladresse intrusive. Toutefois, elle nous interpelle toujours par son expressivité dans un espace public policé, régenté, financiarisé, d’où la couleur est trop souvent exclue. Il en est aujourd’hui en fait de ce dérivé de l’art urbain comme d’un livre d’enluminures ouvert sur la cité. Le street art s’impose dans le panorama esthétique actuel. Sous le label Noyps Graffiti Marseille, c’est dans ce courant que s’inscrivent les réalisations graphiques de Philippe Lacoste et de ses confrères complices, tels Sébastien Martinez et Veter, et cela dans un contexte, dans une coloration spécifiquement massaliote. Outre de multiples fresques underground, privées ou institutionnelles, ce virtuose du graff et du tag décline dans des formats monumentaux, au centre d’entraînement Louis Dreyfus, le sigle emblématique et l’histoire de l’OM. Il fut présent aussi sur le parcours du GR pour Marseille Capitale européenne de la Culture en 2013. Dernièrement, la L2 vient d’adopter son gorille évadé, à Florian, juste à l’entrée du tunnel qui traverse Marseille en direction de l’A7, une évocation de King Kong, inspirée du Livre de la jungle et du film Gorilles dans la brume. Le Théâtre Nono fit appel à son talent pour la réalisation de ces immenses et vivantes poupées-ballons dans l’événementiel de l’Euro 2016 à Marseille, sur les plages du Prado. Quand l’art descend dans la rue, « sous les pavés, la plage ».
Par Gérard Martin
Photographie : Faustine Pillé