Avant d’éclore dans notre hémisphère, avant de nous livrer ses élucubrations jubilatoires, l’imaginaire de Gilles Barbier a poussé et plongé ses racines aux pieds des volcans des Nouvelles-Hébrides. Son regard d’enfant s’y est nourri d’une nature tropicale et du spectacle des croyances et des rites animistes autant que des leçons scientifiques de l’Occident. Comment est-il devenu cet artiste, inventeur de caricatures hilarantes, de machines intelligentes, d’installations tentaculaires ? Les bandes dessinées venues de la Vieille Europe, par leur usage transgressif à l’école, se sont métamorphosées pour lui en manuels de philosophie pratique, en outils d’enquête sur les possibles de l’univers. Quelques années d’enseignement à Aix et à Marseille ont fait le reste. Des milliers d’œuvres aujourd’hui y donnent à voir le végétal, l’animal, le minéral et l’humain dans l’inattendu et le bouillonnement de la vie. Créer, produire comme la nature elle-même mais aussi comme ces automates cellulaires dont le comportement mathématique génère une croissance organique. Mais où est donc passé Dieu le Père dans cet abîme ? Dans une amibe évidemment !
Gilles Barbier a son atelier à La Belle de Mai depuis 1992
Artiste de la galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois à Paris, ses œuvres sont également présentes dans de prestigieuses collections privées et publiques : FRAC, musées... « Écho Système » est à découvrir jusqu’au 3 janvier à La Friche Belle de Mai.
Par Gérard Martin
Photographie : Mylène Zizzo