CICRP 

Restaurer, conserver, prévenir…

On connaît peu ou mal le Centre Interrégional de Conservation et de Restauration du Patrimoine qui a fêté ses vingt ans l’an dernier. C’est l’occasion de présenter ce centre unique en France implanté à la Belle-de-Mai…

En octobre dernier, Dominique Vingtain, conservatrice en chef du Patrimoine, a pris la direction du CICRP. Ce Centre, géré par un groupement d’intérêt public à caractère culturel (Etat, ville de Marseille, CD13, CR PACA), intervient dans les domaines de la conservation curative et préventive, de l’étude et la recherche des phénomènes d’altération des matériaux, et dans les projets de restauration (il s’agit là de son domaine de compétence d’origine qui est aussi le plus développé). Son champ d’action est donc plus large que ceux du Centre de recherche et de restauration des musées de France (Paris, Versailles), axé sur les musées, ou du Laboratoire de recherche des monuments historiques (Champs-sur-Marne), dédié aux monuments historiques. Les interventions du CICRP, exercées dans le respect du Code du patrimoine et du ministère de la Culture, se déclinent sous forme de conseil et d’assistance scientifique et technique auprès des responsables de collections publiques, de collectivités territoriales, d’institutions et lieux patrimoniaux protégés au titre des monuments historiques.

Des projets de restauration aux… insectes

En matière de restauration, le Centre accueille les peintures sur tout support (notamment les très grands formats jusqu’à 4 mètres sur 10) ainsi que les œuvres d’art graphique. Avant toute intervention, il réalise systématiquement une étude scientifique préalable et produit un dossier d’imagerie, d’analyses physico-chimiques, de radiographies grâce à un environnement matériel technique et scientifique de haut niveau. Il possède trois types d’ateliers : un espace peinture de chevalet sur toile, un espace peinture de chevalet sur bois, un atelier d’arts graphiques.

Il opère en conservation préventive en analysant les situations, en préconisant les traitements nécessaires, en permettant de définir et de mettre en place des politiques de conservation préventives liées à la vie des établissements, des œuvres ou à des projets de rénovation. Une de ses originalités est sa compétence en matière de connaissance des insectes fréquentant les lieux patrimoniaux et constituant un risque pour la conservation des biens culturels (collections muséales, fonds de bibliothèques et d’archives, éléments mobiliers et immobiliers des monuments historiques, etc.). Le CICRP a d’ailleurs passé une convention avec le Musée du Louvre dans ce domaine.

Un Centre ouvert sur la recherche

Pour couvrir ces missions très diversifiées, Dominique Vingtain peut compter sur une trentaine de collaborateurs exerçant des métiers fort différents. Outre trois conservateurs, cet effectif comprend des spécialistes en géologie, chimie, entomologie, radiologie, photographie, mais aussi en peintures murales, matériaux ou art contemporain (polymères, peintures fluos, etc.). Enfin, le Centre mène une politique de recherche principalement axée sur les phénomènes d’altération des matériaux du patrimoine. Ses équipements et sa lithothèque (constituée de plusieurs centaines d’échantillons de pierres de construction ou d’ornement) lui permettent de caractériser des matériaux très divers (en particulier à partir de micro-échantillons) et d’en étudier les propriétés. Son plateau technique propose un réel appui scientifique, notamment par le biais d’outils spécifiques développés et gérés en interne. Le Centre est partie prenante (comme pilote ou participant) dans des programmes de recherche français européens ou internationaux. Il a réalisé de nombreux partenariats, par exemple avec les institutions et laboratoires publics français.

Par Maurice Gouiran / © Emilie Hubert