Charlotte Trossat

La sauveuse de légumes

Je suis écolo depuis toujours », clame cette amoureuse de la nature et du monde rural. Après des études en biologie et en agronomie, des stages en exploitations agricoles, en recherche et dans des parcs nationaux en Afrique de Sud, elle saisit l’opportunité d’un VIE (volontariat international en entreprise) dans le groupe Lafarge pour partir au Kenya travailler sur la biodiversité et le réaménagement des carrières. Puis, en 2010, après 3 années en Haute-Loire à œuvrer pour les collectivités territoriales à la protection des ressources en eaux, elle retourne chez Lafarge en tant que responsable foncier et environnement. A la naissance de sa deuxième fille, des envies de liberté et la quête d’un alignement avec ses aspirations personnelles la poussent à travailler sur son propre projet avec pour ambition d’inscrire ses valeurs humaines et environnementales dans le quotidien de consommateurs exigeants. Engagée, convaincue que le bio est l’avenir et soucieuse de travailler avec le monde agricole qu’elle affectionne particulièrement, elle démarre seule son entreprise en 2014, en partenariat avec un atelier de production local. Cette éternelle optimiste s’impose deux prérequis : mettre en bocal des fruits et légumes qui soient non seulement bios, mais également dédiés à être écartés. « Les légumes moches sont aussi bons que les autres. J’ai fait du gaspillage alimentaire mon fer de lance ».

Sur tous les fronts

Ce qui anime au quotidien cette cheffe d’entreprise aussi réservée qu’engagée est non seulement son impact environnemental mais aussi social. « La création d’emploi me tient à cœur car c’est avoir une action positive pour la société ». Son récent statut d’entreprise d’insertion lui permet d’être soutenue pour accompagner des personnes en difficulté face à l’emploi « Mon leitmotiv est d’essayer de montrer qu’on peut avoir une entreprise rentable tout en ayant un objet social et environnemental fort. Les entrepreneurs ont à mon sens un rôle à jouer dans la construction d’un monde meilleur ». A 41 ans, Charlotte Trossat met tout son cœur et son énergie au développement de son entreprise « L’équipe s’est étoffée mais je prends les décisions seule et je suis encore beaucoup sollicitée. Je travaille donc sur des changements dans l’entreprise pour faire en sorte qu’elle se développe sans passer tout le temps par moi ». La quête du temps, une nouvelle aspiration.

Local en bocal

Cette conserverie artisanale bio située à Agroparc à Avignon produit des bocaux en verre de soupes, compotes, tartinables et légumes cuisinés. Ces recettes sont réalisées à partir de fruits et légumes frais, biologiques et locaux, situés à 30 km en moyenne de leur lieu de transformation. L’autre spécificité de Local en Bocal est que la production des 50 références est intégralement faite à partir de légumes écartés, destinés à être jetés par les 40 agriculteurs partenaires. L’entreprise réalise près de la moitié de son chiffre d’affaires sur sa propre marque A Côté, commercialisée en réseaux spécialisés bios, dont 80 % des 400 clients sont situés dans le Sud-Est. La conserverie travaille également pour les agriculteurs en produisant pour eux des recettes cuisinées, pour les cantines locales ainsi que pour des marques de la bio (La Vie Claire, Monoprix, Little Gustave…). L’ambition est de continuer de développer le label A Côté avec pour objectif de sauver 500 tonnes de légumes par an et d’employer en permanence 5 personnes en réinsertion. En parallèle, le rêve de Charlotte Trossat serait d’emménager dans un bâtiment éco-conçu, exemplaire au niveau environnement et d’y avoir une exploitation agricole attenante pour gérer les déchets organiques et l’eau rejetée.

Localisation : Avignon
Création : 
Octobre 2015
Activité : Conserverie
Dirigeants : Charlotte Trossat
Collaborateurs : 19
Capital : 57K 

Par Clotilde Roux