La grand-messe de la mode en Amérique latine n’a de cesse de grandir. À tel point qu’elle est aujourd’hui considérée comme la 5e plus grande Fashion Week après New York, Milan, Londres et Paris.
Du 31 mars au 4 avril, tous les regards se sont portés vers São Paulo. Après avoir arpenté les quatre grandes capitales de la mode, New York, Londres, Milan et Paris, rédactrices, acheteurs et top-modèles ont fait escale dans la plus grande ville du Brésil. Et pour cause ! Événement du calendrier des défilés depuis 1996, la Fashion Week de São Paulo – qui est plus importante que celle de Rio – attire chaque année davantage. Avec un temps d’avance – décalage des saisons oblige – une trentaine de créateurs ont présenté leurs nouveautés printemps-été 2015. Pendant ce temps-là, les collections hivernales cartonnent dans les boutiques.
Entre streetwear chic et bling-bling maîtrisé
Mais quelles sont les tendances ? Les créateurs brésiliens l’ont compris : pour s’imposer sur la scène internationale, ils doivent se différencier des designers européens ou américains. D’année en année, leur trait s’affine. Parmi les mots-clés, garde-robes colorées, sportswear chic et bikinis sophistiqués s’imprègnent de la joie de vivre du pays.
Chez Colcci, Gisele Bündchen ouvrait le bal. Nylon et denim esquissent une silhouette résolument sport chic, inspirée des années 90. Microshort, pantalon de survêtement et Teddy descendent dans la rue sans problème. Star des podiums, Reinaldo Lourenço dessine une garde-robe inspirée du style à la française, en mixant le graphisme des années 80 à l’opulence des Années folles. Le créateur joue avec les clichés du luxe comme l’or, le léopard ou les sacs à main « dadame ». La marque Osklen, menée par son directeur artistique Oskar Metsavaht, se calque à l’actualité pour décliner un vestiaire autour du football. Top et jupe pelouse, jambières, sac de sport, short ou brassière… toute la panoplie sportive défile dans un nuancier chatoyant. Plus dramatique, la collection d’Alexandre Herchcovitch puise son souffle dans l’époque victorienne. Laine, voile de coton, cachemire et cuir revisitent les anciennes chemises de nuit. Enfin, Gloria Coelho mise sur une silhouette citadine quasi futuriste, pendant que Juliana Jabour livre sa version du streetwear en néoprène ou polaire et la sophistique par l’utilisation de la soie, de la viscose ou de la broderie.
Une passion pour les souliers
Dans les showrooms, les créateurs de chaussures, autre spécialité locale, profitent de cette affluence pour dévoiler leurs nouvelles collections. De la tong acidulée Havaianas ou Ipanema à la basket écolo Veja revendiquée développement durable, il y en a pour tout le monde. Et dans le domaine de l’accessoire, le Brésil se démarque par son approche éthique. En effet, on ne compte pas les marques qui conjuguent style et engagement. Citons aussi le label Melissa qui fait appel aux créateurs les plus pointus – de Karl Lagerfeld à Vivienne Westwood en passant par Gareth Pugh ou Jason Wu – pour réinventer ses modèles en plastique recyclé. Enfin, la maison Carmen Steffens, adulée par les stars américaines pour ses souliers et ses it-bags, s’approprie la tendance black & white. Parmi les escarpins que les fashionistas s’arracheront, ceux à rayures graphiques finiront un look recherché.