Tandis que le Festival de Cannes bat son plein sur la Croisette, avec comme présidente Iris Knobloch – première femme à occuper ce poste en 75 ans ! – c’est aussi en coulisses un tout nouveau chapitre qui semble s’écrire. Si la Ville accueille toute l’année des salons dédiés comme le MIPTV, le MIPCOM ou CANNESERIES, elle porte aussi une ambition : le projet « Cannes on Air ». Son objectif ? Doter le territoire de tous les maillons de la chaîne de conception de contenus audiovisuels, de la formation de professionnels à la patrimonialisation, avec le futur grand musée du cinéma qui devrait voir le jour en 2028. Pour commencer, c’est donc sur le site de la Bastide Rouge à Cannes-la-Bocca, qui doit son nom à la pépinière d’entreprises qui y a été installée dès 2014, que de nouvelles infrastructures ont été inaugurées. Ce nouveau technopôle dédié à l’image et aux industries créatives, d’une superficie de 4 ha, accueille désormais un Cineum, cinéma multiplexe de 2 400 places conçu par Rudy Ricciotti, ainsi que tout le Campus Georges-Méliès imaginé par Christophe Gulizzi. Deux architectures de béton imposantes, qui viennent redynamiser visuellement un quartier marqué par la forte circulation de ses axes routiers et les vastes commerces de la zone industrielle des Tourrades.
PLUS DE MILLE ÉTUDIANTS ET QUINZE ENTREPRISES
Avec ses rangées de lignes dentelées, le Campus Georges-Méliès fourmille d’étudiants depuis la rentrée de septembre 2021. Si la construction de bâtiments universitaires relève normalement de la compétence de l’Etat, ce sont ici pour la petite histoire la Communauté d’agglomération Cannes Lérins et la Ville de Cannes qui ont financé en majorité du projet, et déboursé 32,2 millions d’euros. Un campus réunissant près de 35 formations, du bac au bac +8, en lien avec l’image, le son, l’écriture de scénario, les jeux-vidéos et plus encore, géré par l’Université Côte d’Azur avec ses partenaires comme l’Ecole Supérieure de Réalisation Audiovisuelle (ESRA) ou l’École Supérieure de Danse de Cannes Rosella Hightower. L’un des leitmotivs de l’établissement, qui porte fièrement le nom d’un des pères du cinéma moderne ? « Créer des passerelles entre les étudiants et le monde de l’entreprise, en abritant la Cité des Entreprises et l’Université du Cinéma sous le même toit », s’enthousiasme Marie Junk, directrice des Projets universitaires de la Mairie de Cannes. Quinze sociétés et start-up dans l’audiovisuel ont donc déjà élu domicile sur place, comme Adastra Films, réalisant des courts et longs métrages, ou Azur 360, spécialiste des films publicitaires. Et d’ajouter : « Il y a aussi des studios de tournage, de montage et de mixage qui peuvent être loués, et c’est un atout pour les sociétés de savoir qu’elles peuvent trouver sur place un régisseur, un cameraman, des équipes de professionnels. »
AU CINEUM, UNE EXPÉRIENCE IMMERSIVE
A terme, le site abritera aussi une résidence étudiante et l’on peut déjà retrouver sur place le Cineum à deux pas du campus. Si les amateurs de cinéma d’art et d’essai connaissent Les Arcades, rue d’Antibes, c’est le même acteur indépendant des grands réseaux, la Compagnie Cinématographique de Cannes, qui gère désormais les salles nichées dans l’architecture de Ricciotti, semblable à une élégante pierre à facettes. Occupant les trois derniers étages, ce cinéma est équipé des dernières technologies innovantes : son immersif, projection 100 % laser, avec douze salles dont des premiums comme la grande IMAX de 513 places, la Screen X avec ses trois écrans pour un film à 270° et la petite dernière, la Lodge pour à peine 54 spectateurs. Là, ce n’est pas compliqué, on est mieux installé qu’en classe affaires en avion, allongé totalement dans son siège pour regarder son film. Bref, de quoi faire du cinéma une vraie expérience à l’heure du streaming sur ordinateur, sachant qu’avec le Cineum, Cannes double sa capacité en matière de salles de ciné. Ici, on prévoit même désormais des retransmissions d’opéra, des conférences sur la culture et des expos d’art au rez-de-chaussée dont le premier invité n’est autre que Miguel Chevalier. De nouveaux établissements donc, multipolaires.
Par Tanja Stojanov