Stéphane Valeri
La SBM dans les gènes
Par Milena Radoman

Stéphane Valeri souhaite valoriser le patrimoine de la SBM. Pourquoi ne pas imaginer une série sur l’histoire de cette société et de ses fondateurs François et Marie Blanc, « dignes de scénario de cinéma » ?

Détentrice du privilège des jeux en Principauté de Monaco, la Sociégé des Bains de Mer exploite le Casino de Monte-Carlo. Ici, la Salle Europe.
Pour Stéphane Valeri, l’année 2023 restera un millésime à part, symbole d’une nouvelle vie, marquant son arrivée à la tête de Monte-Carlo Société des Bains de Mer. La présidence du fleuron de l’économie monégasque – près de 5 000 collaborateurs au plus fort de la saison – ne peut qu’avoir une résonance singulière pour ce Monégasque. Chez les Valeri, on travaille « dans cette grande maison » de père en fils. « Mon arrière-grand-père, qui était employé de jeux, a reçu en 1913 la médaille du 50e anniversaire de la création de la SBM », lâche le dirigeant qui, une fois diplômé de l’École européenne des affaires, y a fait également ses armes – dans les services des ventes et de promotion-publicité – avant de créer sa propre structure. En 1988, ce fonceur fonde en effet à 25 ans le groupe de communication Promocom, à l’origine de nombreux salons comme la Foire internationale de Monaco.
Animal politique
Après avoir initié l’Association des Jeunes Monégasques (AJM) – dont le prince Albert était alors président d’honneur –, ce passionné de la chose publique, adorateur de Winston Churchill, se lance en politique. Benjamin du Conseil national, il deviendra en 2003 le plus jeune président de l’assemblée. À ce poste, il côtoie régulièrement les parlementaires et maires français, tels Christian Estrosi ou Éric Ciotti. Il sera même décoré de la Légion d’honneur par Jean-Louis Debré, alors président du Conseil constitutionnel. Réélu en 2008, cet animal politique quitte le Conseil national, nommé par le prince au gouvernement en tant que conseiller-ministre des Affaires sociales et de la Santé…
Même ses détracteurs reconnaissent qu’il y a montré ses qualités de bosseur acharné – notamment dans le cadre d’une impopulaire réforme des retraites dont il avait la charge –, et fait monter certains talents. Appliquant la recette de Rockefeller, inscrite sur la tombe de l’homme d’affaires, qu’il cite religieusement : « Ci-gît un homme d’intelligence moyenne qui a su tout au long de sa vie s’entourer de gens plus intelligents que lui… » L’appel des urnes se refait sentir en 2017. Bis repetita. Stéphane Valeri est réélu président du Conseil national en 2018. Après avoir géré la période difficile liée à l’épidémie de Covid, il en démissionnera fin 2022, pour rejoindre la florissante SBM.
« Il appliquera les méthodes de management qu’il a éprouvées dans ses précédentes fonctions, comme l’écoute, la concertation, l’importance de l’humain, la réflexion stratégique et la capacité à faire travailler les gens en équipe. C’est important dans une société qui a beaucoup fonctionné en silos », souffle son plus proche conseiller, David Wigno, qui connaît ce patron de 61 ans depuis les débuts de Promocom.
Nouvelles ambitions
Pour l’accompagner dans cette nouvelle aventure, Stéphane Valeri a emmené dans ses bagages sa garde rapprochée, soit sa fidèle assistante Isabelle Contenseau et son ancienne cheffe de cabinet Virginie Cotta, aujourd’hui numéro 3 de la SBM. Depuis sa prise de fonction, l’homme déroule : constitution d’un nouveau COMEX – avec, pour le seconder, un ancien de Pepsi, Davidoff et Novartis, Albert Manzone –, présentation de son équipe et de ses ambitions à ses salariés… Le président a déjà rencontré le puissant Bernard Arnault – LVMH est actionnaire de la SBM – pour parler synergies. Il est en train de négocier « l’acquisition d’un établissement hôtelier dans une station de prestige des Alpes », envisage la création d’un casino au Japon ou aux Émirats arabes unis (en joint-venture avec un actionnaire chinois, Galaxy) mais souhaite surtout valoriser le patrimoine.
« Nous sommes les héritiers de 160 années d’histoire. La Société des Bains de Mer, c’est le luxe, le glamour, le plaisir, le Las Vegas du XIXe siècle avec les plus grands danseurs, les plus grands architectes. Il faut continuer à entretenir le mythe et à être le resort le plus étoilé du monde », confie-t-il.