Odile Redolfi
« Soutenir l’art vidéo est pour moi un engagement »
Directrice de l’Hôtel Windsor à Nice, elle développe la collection de chambres d’artistes initiée à l’époque par son oncle et a lancé Objectif Vidéo Nice, un festival dédié à l’image en mouvement.

© Sophie Boulet Férue d'art contemporain, Odile Redolfi a pris la suite de son oncle à la direction de cet hôtel très arty.

La chambre Nicolas Rubistein . réalisée par l'artiste en 2021. @DR

La chambre d'artiste créée par Jean Dupuy en 2018.
Prix Coup de cœur
Cela fait trois générations que les Redolfi sont à la tête du Windsor et la quatrième est en embuscade. L’histoire de cet hôtel quatre étoiles proche de la Prom’ ? Construit en 1896 dans le style de l’école Eiffel, l’établissement accueillait au début du XXe siècle une clientèle anglo-saxonne et russe pour de longs séjours. Acquis par la famille en 1942, il devient avec l’arrivée de Bernard Redolfi en 1975 un lieu d’art et de voyage. « Après une première génération de fresques réalisées par Antoine Baudoin, mon oncle est parti à Gand avec Christian Bernard, ancien directeur de la Villa Arson, visiter “Chambre d’amis”, l’exposition historique de Jan Hoet. Inspiré par ce qu’il avait vu, il a alors développé à l’hôtel une collection de chambres d’art contemporain conceptuel, dont la première a été réalisée en 1989 avec Joël Ducoroy, connu pour ses écritures sur plaques minéralogiques », explique Odile Redolfi, qui a repris l’hôtel pour ses quarante ans. « Depuis toute petite, j’ai baigné dans l’ambiance de cette maison, où je venais jouer, dormir. C’est un univers qui a façonné mon imaginaire et j’ai à cœur de continuer à enrichir cette collection. À ce jour, sur 57 chambres, 33 sont investies par des artistes et j’ai aussi lancé le concept de “chambres éphémères“, comme celle aménagée récemment par Caroline Rivalan. L’artiste donne à voir une nature énigmatique et explore les mythes féminins. »
L’hôtel Victoria, le West End et les autres
Parmi les initiatives lancées par Odile Redolfi, le festival Objectif Vidéo Nice. Un rendez-vous créé en 2015, qui invite à découvrir le médium vidéo dans les hôtels. « Au départ, l’idée était que chaque chambre devienne “musée” pendant trois jours. Puis en 2017, OVNI a fait “salon” et les chambres ont été investies par des galeries. Depuis 2021, nous avons trouvé de nouveaux formats, en travaillant notamment avec les instituts culturels étrangers et leurs ambassades, avec un appel à projet destiné à l’Émergence de la région Sud et nous avons développé les expositions avec des curateurs invités dans d’autres hôtels niçois », ajoute Odile Redolfi.
À l’heure de la réalité virtuelle, des jeux vidéo et des smartphones, ce festival ouvert sur l’actualité internationale propose également d’explorer des vidéos d’artistes locaux et internationaux dans des lieux atypiques comme le 109, pôle de création contemporaine, ou muséaux comme l’Espace de l’Art Concret à Mouans-Sartoux en 2022. Cette année, la manifestation se posera aussi notamment dans la grotte du Lazaret. Et de conclure : « Ce festival demande plus d’un an de préparation. Certains clients apprécient cette ambiance si spéciale, d’autres sont un peu bousculés par l’effervescence, mais pour moi c’est avant tout une affaire d’engagement pour la création contemporaine et un plaisir offert au public. »
Hôtel Windsor
Cap sur le XXIe siècle dans l’établissement centenaire. Entrer au Windsor, c’est découvrir les branches aux colonnes vertébrales dorées de Nicolas Rubinstein dans le salon visiteurs ou encore une envolée surréaliste d’éléphants et bouteilles imaginés par l’artiste pour le bar de l’hôtel. Parmi les chambres d’art contemporain réalisées à l’époque de Bernard Redolfi, il y a celle entièrement recouverte de feuilles d’or par Claudio Parmiggianni ou celle traversée par les rayons de soleil de François Morellet. Parmi les nouveautés depuis l’arrivée d’Odile Redolfi, la chambre de Cécile Bart, jouant avec la lumière et les couleurs, ou encore celle d’Aïcha Hamu : « Je suis particulièrement touchée par la subtilité et l’humour de cette chambre, pensée par l’artiste comme celle d’un griffon venu en vacances », explique la directrice des lieux. L’établissement compte aussi un restaurant mettant en avant la cuisine niçoise avec des légumes bios, dans un jardin discret plein de recoins, et un spa proposant des soins naturels et exotiques. Et d’ajouter : « Si pour OVNi, nous sommes tournés vers l’art vidéo et les nouvelles technologies, ici à l’hôtel, on s’applique à rester authentiques, hors du temps. »
Création : 1896
Localisation : Nice
Activité : Hôtellerie-restauration
Dirigeante : Odile Redolfi
Effectifs : 20