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PORTRAITS

Ils sont artiste, cheffe étoilée, designer ou apiculteur, pilote automobile ou créatrice de mode. Leur point commun ? Ces personnalités glamour ou au cœur de la vie culturelle, économique et sociale régionale sont les moteurs de l’actualité azuréenne. Découvrez sans filtre le témoignage de leur parcours, leurs rêves, leurs ambitions et leurs projets à venir.

décembre 2021

Faculté de Médecine de Nice

  • Place au changement
  • Doyen de la faculté de Médecine de Nice, le Pr Patrick Baqué est aussi professeur d’anatomie-chirurgie générale et responsable chirurgical de services au sein du pôle Urgence Adulte-SAMU-SMUR (Pasteur 2) et du pôle Digestif (L’Archet 2) du CHU de Nice. Entre crise sanitaire et réformes universitaires, il revient sur les nouvelles réalités rencontrées par ses étudiants.
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Pr Patrick Baqué, Doyen de la faculté de médecine de Nice. © UCA/Faculté de Médecine de Nice
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Doyen de la faculté de Médecine de Nice, le Pr Patrick Baqué est aussi professeur d’anatomie-chirurgie générale et responsable chirurgical de services au sein du pôle Urgence Adulte-SAMU-SMUR (Pasteur 2) et du pôle Digestif (L’Archet 2) du CHU de Nice. Entre crise sanitaire et réformes universitaires, il revient sur les nouvelles réalités rencontrées par ses étudiants.

C’est la seconde rentrée passée sous le signe du Covid19. Comment s’est-elle déroulée pour les étudiants en médecine niçois ?
Cette rentrée fut surtout l’occasion de revoir des étudiants que nous n’avions pas vus depuis deux ans ! L’an dernier, les marqueurs épidémiques étaient encore très forts et nous avions décidé de ne pas faire revenir nos élèves. Ce que l’on constate c’est que de nombreux étudiants, qui n’avaient pas la chance d’être auprès de leur famille, ont souffert d’isolement. Nous avons donc décidé de créer une cellule de suivi pour les étudiants en souffrance. Et de les assister dans cette période très particulière.

Durant cette pandémie, comment la faculté de Médecine de Nice s’est-elle mobilisée pour soutenir, accompagner le réseau hospitalier niçois ?
Spontanément, nos étudiants se sont rendus disponibles et mobilisés pour réaliser des tests auprès du public, dans les postes de dépistage publics, privés, les pharmacies, les EPHAD. Ils ont réellement participé à l’effort sanitaire, se sont sentis utiles. Nous leur avons d’ailleurs rendu hommage dans la faculté par une exposition photo.

C’est également la fin d’une première année test sur la réforme PASS et L.AS pour les études de santé. Peut-on d’ores et déjà tirer des enseignements de cette première année, et de cette réforme très décriée, notamment, par les élèves de première année et leur famille…
La réforme poursuivait plusieurs objectifs. Le premier était d’augmenter les capacités et le « numerus clausus ». C’est une démarche que j’avais déjà amorcée lors de ma prise de poste en 2013 où j’avais souhaité augmenter le nombre d’étudiants de première année. Ils étaient 127 et j’avais déjà augmenté ce chiffre de 40 % pour arriver à un peu moins de 200 étudiants.
Le second objectif était de multiplier les recrutements, en ne sélectionnant plus uniquement des étudiants scientifiques. C’est une réforme idéologique qui, dans l’application, se révèle très complexe et assez mal comprise. La réforme prévoit l’adjonction d’un oral à l’examen de première année, ce qui a créé un fort sentiment d’inégalité chez les étudiants. Pour pallier à ces difficultés nous avons choisi de faire une très grosse promotion cette année pour qu’aucun doublant de la PACES ni primant de la réforme ne se sente lésé. Contrairement à d’autres universités nous n’avons eu aucun recours juridique de la part des étudiants et des familles. Mais nous ne pourrons pas continuer ainsi, la faculté de médecine de Nice peut accueillir 200 étudiants par an, ce qui correspond à nos capacités de formation mais aussi aux besoins de la région.

Justement, que peut-on dire des spécificités des besoins de la région en médecins ?
Que plus de la moitié des médecins qui s’inscrivent à l’Ordre ne viennent pas de la fac de médecine de Nice. Concrètement, plus de 50 % des médecins qui s’installent ici viennent d’ailleurs. D’autres facs, d’autres régions, mais aussi d’autres pays de l’Union Européenne, c’est assez surprenant.

Vous avez créé en 2014 un département des médecins intégratives. Pourriez-vous nous en dire plus ?
Nous avons été pionniers en France sur cette question. Des sondages montrent que 70 à 75 % des citoyens français ont déjà consommé des soins non conventionnels. C’est une réalité que nous devons, en tant que médecins, prendre en considération. L’idée étant d’évaluer scientifiquement ces méthodes afin de lutter contre le charlatanisme et l’abus de faiblesse qui sont un réel danger pour les patients. Je crois qu’il faut attirer les pratiques non conventionnelles dans le monde scientifique, leur appliquer une méthode, afin de savoir ce qui fonctionne ou non. Les mots ont une portée : il y a une seule médecine pour établir des diagnostics, une méthode pour l’évaluer (la méthode scientifique), et dans le traitement des maladies, on peut considérer qu’il y a deux volets. D’une part la thérapeutique, qui est scientifiquement reconnue, et d’autre part les « soins » au sens large, que l’on nomme depuis peu les « interventions non médicamenteuses », un terme générique qui regroupe des pratiques comme l’ostéopathie, l’hypnose, le jeûne. Des pratiques de soins qui rentrent en compte dans l’arsenal de la prise en charge thérapeutique, et qui doivent être évalués scientifiquement.

Alors que les internes demandent des actions concrètes (temps de travail, harcèlement, burn-out), quelles sont selon vous les mesures à adopter pour répondre aux attentes si fortes de ces futurs médecins ?
Il existe une hiérarchie très forte à l’hôpital, qui peut engendrer des comportements inappropriés. Il y a du harcèlement, il y en a eu. Je crois qu’il est nécessaire de faire un travail de prévention, de libération de la parole. Nous avons mis en place le CSE, une cellule de suivi des étudiants, qui peut être saisie par ces derniers. C’est un sujet difficile, mais progressivement la parole se libère.

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