
PRIX ENTREPRISE SOLIDAIRE
Julie Meunier
« A mes sœurs de combat »

Ce qu’il y a eu dans la vie de Julie Meunier, avant qu’elle décide de créer sa boîte ? Des études de droit, un poste de juriste immobilier dans une grande entreprise, et puis à 27 ans ce cancer du sein qui a donné lieu à « vingt-quatre chimiothérapies, deux opérations, quarante séances de radiothérapie et cinq ans d’hormonothérapie ». Face à la liste des étapes contre la maladie, on saisit d’emblée la pugnacité de cette Niçoise. « Quand aucune banque n’a voulu m’accorder de prêt, j’ai dû me battre pour faire exister ce projet, né grâce à un financement participatif. Qu’on me jette par la porte et je rentrerai par la fenêtre ! », lance cette créative, fan de rock et musiques alternatives, qui fait du dessin de mode depuis l’enfance et a rêvé un temps de devenir tatoueuse. Mais comment est apparu alors le concept des Franjynes ? « Avec la chimio, je me suis retrouvée à un moment sans cheveux, sans cils et sourcils. J’ai bricolé un système de head band avec une fausse frange sur lequel je pouvais mettre un bonnet ou turban. J’avais besoin de préserver cette part de féminité, mon identité. » Un look de turbanista à la Loulou de la Falaise, muse de Saint Laurent, qui lui a valu bien des compliments. Très vite, Julie perfectionne donc le système, dépose un brevet et lance sa start-up.
Alternative à la perruque
Si Gabrielle Chanel n’était pas couturière mais savait où placer les aiguilles pour insuffler la forme qu’elle voulait à ses créations, de même Julie dessine tous ses modèles à Nice, envoyés en fabrication dans des ateliers français. « Pour être dans l’entreprenariat, il ne faut pas souffrir de phobie administrative, poursuit-elle avec humour. Je travaille près de 80 heures par semaine et la seule acti-vité non négociable inscrite dans mon agenda ce sont mes séances de yoga ». Ayant à cœur de transmettre, elle vient de signer un livre baptisé « A mes sœurs de combat » aux Editions Larousse. Et de conclure avec conviction : « J’y parle du cancer, car cela a été un élément déclencheur qui m’a aidée à prendre conscience qu’on se met souvent soi-même des barrières alors que tant qu’on a la santé tout reste possible. Mais j’ai surtout souhaité dire aussi combien une épreuve peut se transformer en expérience, permettre de rebondir pour oser être soi. ».
Les Franjynes
Pour toutes les femmes confrontées à une perte de cheveux, notamment du fait d’une chimiothérapie, la marque niçoise propose de fausses franges, turbans, bonnets, foulards ou turbonnets. Entièrement adaptés à l’alopécie et la pelade, évolutives à la repousse des cheveux, ces accessoires donnent un look tendance, classique ou bohème. Une façon d’aborder la mode, éthique et responsable, puisque tous les tissus employés ici proviennent de fins de rouleaux et stocks dormants de grandes maisons. Les bonnets de Julie Meunier sont fabriqués dans des ateliers français engagés dans l’insertion professionnelle, que ce soit pour des étudiants, des personnes en reconversion, en situation d’isolement social ou souffrant d’un handicap. De sorte qu’il existe aujourd’hui 210 revendeurs de la marque en France métropolitaine, dans les Drom-Com, en Europe et au Canada. Dans le cadre de maladies longue durée, la parure frange et turban peut même être remboursée par la Sécurité sociale. Rendez-vous à la boutique des Franjynes à Nice ou bien au corner oncologie en pharmacie. En quatre ans, la start-up a déjà permis à 9 000 femmes d’avoir le choix de garder un look malgré les épreuves, et déploie désormais des gammes pour enfants (Les Franjynettes) ainsi que pour homme (Les Franjyns).
Localisation : Nice
Création : 2017
Activité : Commerce de détail en boutique spécialisée
Présidente : Julie Meunier
Directrice générale bénévole : Ghislaine Lebrun
Capital social : 20 000 €
Collaborateurs : 1 à 5