février 2021

Faculté de médecine de Nice

  • Un enseignement en pleine mutation
  • Crise sanitaire, réformes pédagogiques, restructuration de l’Université Côte d’Azur… la faculté de médecine amorce une année riche en changements. Le point avec son Doyen, le Pr Patrick Baqué.
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Doyen de la Faculté de Médecine de Nice, le Pr Patrick Baqué est aussi professeur d’anatomie-chirurgie générale et responsable chirurgical de services au sein du pôle Urgence Adulte-SAMU-SMUR (Pasteur 2) et du pôle Digestif (L’Archet 2) du CHU de Nice. © UCA/Faculté de Médecine de Nice

Crise sanitaire, réformes pédagogiques, restructuration de l’Université Côte d’Azur… la faculté de médecine amorce une année riche en changements. Le point avec son Doyen, le Pr Patrick Baqué.

Avec le Covid-19, comment s’est passée la rentrée 2020 ?
Pr Patrick Baqué - Plutôt bien. Afin d’éviter les clusters en début d’année, nous avions anticipé en décidant de faire les cours magistraux en ligne. Les enseignements en petits groupes – TD, séances de simulation, etc. – ont eux été maintenus pour garder le lien avec les étudiants, tenus bien sûr à un protocole strict avec respect des gestes barrière.

Une première année qui a été marquée également par la réforme PASS-L.AS…
Pr P. B. - Oui, en effet, elle signe la fin de la PACES et du numerus clausus qui, en 2020, était de 190 placesen médecine à Nice pour 1 300 étudiants environ en première année. L’esprit de cette réforme part donc d’un bon sentiment : éviter qu’ils tentent deux ou trois ans de suite médecine pour finalement échouer sans rien avoir.  Le Parcours « Accès Santé » Spécifique et les Licences avec option « Accès Santé » facilitent désormais les éventuelles réorientations. Le nombre d’admis, lui, reste limité, fixé par l’université en lien avec l’Agence Régionale de Santé.

Comment la faculté de médecine s’inscrit-elle dans la restructuration actuelle de l’université ?
r P. B. - UCA intègre à présent des écoles privées comme l’école de kinésithérapie IFMK. Nous essayons de mettre en commun des enseignements, par exemple l’anatomie. D’une façon générale, il y a la volonté d’universitariser les disciplines paramédicales. Par ailleurs, huit Ecoles Universitaires de Recherche structurent désormais les formations des étudiants de master et des doctorants. Deux d’entre elles sont dédiées à la santé : l’EUR Healthy (Ecosystèmes des sciences de la santé) et l’EUR Life (Sciences du vivant et de la santé) axée sur la recherche fondamentale. De grands laboratoires sont notamment rattachés à ces EUR, ce qui permet d’avoir une meilleure lisibilité de tous les parcours de recherche au sein de UCA.

 L’enseignement par simulation va-t-il passer à la vitesse supérieure ?
Pr P. B. - Tout à fait. Dès l’an prochain, les étudiants en fin de 6e année ne seront plus jugés uniquement sur leurs connaissances mais aussi sur leurs compétences avec les ECOS, « examens cliniques organisés standardisés ». Un jury évaluera en direct leur capacité à prendre une décision sur des simulateurs. À Nice, nous avons été les premiers à installer des salles de simulation en 2008, puis un centre de simulation otoscopique en 2019. Et nous espérons avoir les fonds pour créer, avec le soutien de l’université, un nouveau bâtiment « le campus santé », véritable laboratoire d’enseignement par simulation.

Les patients interviennent aussi dans l’enseignement en médecine…
Pr P. B. - Les patients sont les spécialistes, non pas de la maladie, mais de la vie avec la maladie. D’où l’intérêt de les intégrer à l’enseignement. Cette vision très moderne nous a valu en 2018 le 1er prix PEPS pour le DU « Art du soin en partenariat avec le patient ». Et en 2019, elle a donné naissance à notre Centre d’innovation en partenariat avec les patients et le public (CI3P). Avec le Conseil de l’Ordre, nous réfléchissons par ailleurs à la possibilité que l’ensemble du corps médical – et plus uniquement la médecine hospitalière – participe à l’enseignement et la recherche. Là encore, un projet inédit…

Les soins non conventionnels ont également leur place avec plusieurs DU…
Pr P. B. - 70 % des gens y ont recours. On ne peut pas faire comme s’ils n’existaient pas. On se doit de garder l’esprit ouvert, sans dogmatisme. C’est pourquoi j’ai créé un département des médecines intégratives pour évaluer scientifiquement leur efficacité, lutter contre les charlatans et enseigner certaines d’entre elles. Nous avons ainsi ouvert des DU en hypnose médicale, méditation thérapeutique et, depuis cette année, en phyto-aromatothérapie.

Au final, des approches pédagogiques innovantes porteuses de succès ?
Nous faisons régulièrement partie des facultés de tête au concours de l’internat. Et au classement mondial de Shanghai 2020, Université Côte d’Azur a progressé de plusieurs centaines de places en se positionnant au rang 301-400 et parmi les meilleures universités françaises.

Par Christine Mahé

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