décembre 2020

Jean-Philippe Roubaud

  • Qu’est-ce que le dessin ?
  • A l’heure de l’illusion du temps qui court, les œuvres de Jean-Philippe Roubaud renvoient à une autre temporalité. Ses dessins en trompe-l’œil, d’assiettes craquelées ou de polaroïds vieillis sèment le trouble et engagent le regardeur à faire un arrêt sur image. « Je ne les réalise jamais à la loupe car ce qui compte ici c’est ce que l’œil peut saisir », précise l’artiste, né à Cannes et vivant au Cannet, diplômé de la Villa Arson et professeur à la Villa Thiole.

 

 

 
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A l’heure de l’illusion du temps qui court, les œuvres de Jean-Philippe Roubaud renvoient à une autre temporalité. Ses dessins en trompe-l’œil, d’assiettes craquelées ou de polaroïds vieillis sèment le trouble et engagent le regardeur à faire un arrêt sur image. « Je ne les réalise jamais à la loupe car ce qui compte ici c’est ce que l’œil peut saisir », précise l’artiste, né à Cannes et vivant au Cannet, diplômé de la Villa Arson et professeur à la Villa Thiole. Prendre donc le temps d’observer ces objets porteurs de souvenirs, dans une démarche quasi-chirurgicale qui permet une mise à distance. Et à travers ces témoignages du passé, interroger plus largement les ressorts conceptuels de l’art. Ce questionnement contemporain, Roubaud l’aborde ainsi sobrement à travers le dessin. L’artiste a pris parti de revenir à l’essentiel : le noir et blanc, et sa feuille de papier. Travaillant principalement au crayon gris, il applique également sa poudre de graphite mouillée en lavis au pinceau. Des œuvres qui sont devenues depuis 2015 sa signature solo, après dix ans de peinture à quatre mains avec Cynthia Lemesle. Hyperréalisme et illusionnisme Quand, où et comment rend-on le dessin visible ? Quels éléments constitutifs ou donnés permettent de l’identifier comme tel ? Alors que le dessin est souvent une esquisse avant la peinture, n’est-il pas pour autant un médium autonome ? Pendant le premier l’artiste a ainsi travaillé quatre semaines à l’exécution d’un bouquet de fleurs, renvoyant aux natures mortes symboliques des peintres flamands et hollandais du baroque. Et si le dessin est aussi une représentation préalable en architecture, Roubaud dessine des barricades de neuf mètres de papier linéaire. Une installation qui fait le lien avec le graffiti, l’art urbain, et où il vient rappeler ce slogan de mai 1968 : « L’art est mort, ne consommez pas son cadavre ». « Un seul coup de pied suffirait à faire tomber ces parois de papier qui limitent le mouvement », poursuit l’artiste aux restes duchampiens humoristiques. A l’évidence son œuvre est programmatique : elle vise à explorer le dessin comme un alpha et un omega, au prisme des autres arts visuels. S’il y a donc clairement de la virtuosité dans son travail, ce n’est jamais qu’un outil pour servir ce dessein. Ses images simples ont, toujours, des significations pliées.

Par Tanja Stojanov – Photo Jean-Michel Sordello

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