Installée à Villeneuve-Loubet, l’agence Erades & Bouzat a reçu le Prix Logement collectif du concours ArchiCOTE 2018 pour sa Villa Cyrnos habillée de bois. Rencontre avec Christophe Erades.
Sur quel projet de logement social travaillez-vous en ce moment ?
Nous sommes maîtres d’œuvre pour une opération de quarante-trois logements, avenue de Villermont à Nice. Nous avons proposé une forme urbaine simple, qui permet d’assurer la transition entre un ancien bâtiment niçois et un autre plus contemporain. Le rez-de-chaussée, au contact de la rue, est soigné. De nombreuses transparences permettent d’accompagner la promenade du piéton au pied du bâtiment. Le contexte urbain étant très dense, nous avons organisé une grille de poteaux aléatoires positionnés en bout de dalle sur les façades principales. Cette grille constitue un premier filtre qui établit, pour l’habitant, une mise à distance de la rue, de la ville, et qui permet d’améliorer l’intimité des espaces extérieurs privatifs.
Quelles ont été vos lignes directrices pour la Villa Cyrnos à Vence ?
Nous nous sommes concentrés sur le contexte très prégnant de ce projet, installé au sud du centre historique, dans une zone très végétalisée d’habitat diffus. Nous ne voulions pas une architecture trop urbaine, c’était important. Nous avons donc travaillé sur la place occupée par le bâtiment dans le grand paysage, sa relation à la pente, le rapport d’échelle entre le bâti et l’espace naturel. La composition rigoureuse des façades s’organise sur des horizontales marquées, alternant avec les verticales aléatoires des brise-soleil en bois. La matérialité du béton brut et les vibrations de la lumière intensifient le rapport au site. Les espaces de vie extérieurs sont également généreux tout en étant protégés du soleil, ce qui offre des cadrages choisis sur les chênes du terrain.
Vous intervenez également dans un autre domaine, les salles de spectacle…
En effet, nous avons remporté récemment deux concours, l’un à Peymeinade et l’autre à Cannes.À Peymeinade, le bâtiment doit recevoir essen-tiellement des représentations de théâtre. C’est une activité très spécifique, puisque les voix non amplifiées imposent une acoustique soignée. En même temps, la salle doit être sourde aux bruits extérieurs. Le béton, avec sa masse volumique importante, est vraiment le matériau le plus adapté à cet usage. Nous avons proposé un bâtiment offrant une lecture aisée : un volume haut, la grande salle, dédiée à recevoir le public, et un volume bas contenant les loges, les vestiaires et les espaces techniques. Leur traitement est lié à leur fonction : neutre pour le volume bas des espaces fonctionnels, élégant, soigné et subtil pour le volume haut de la salle de spectacle. Nous avons aussi proposé une double-peau en résille. Une salle de spectacle doit avoir une image festive et ludique, on doit comprendre qu’il s’y passe quelque chose.
Par Tanja Stojanov