« J’ai toujours aimé que les mots sonnent »
Elle est la voix douce et chaleureuse de Madame Monsieur. Un duo qu’elle a formé avec son mari Jean-Karl Lucas. Ensemble, ils ont porté les couleurs de la France au Concours Eurovision de la chanson 2018 avec le titre « Mercy ». « Nous avons été touchés par la naissance de cette petite fille à bord de l’Aquarius », commente Émilie Satt, qui a mis ainsi un visage sur ceux qu’on appelle les migrants, sans pour autant vouloir donner des leçons politiques. Car le parcours d’Émilie, née dans le Jura et venue s’installer dans le Sud avec sa famille alors qu’elle n’était encore qu’en primaire, est jalonné de rencontres humaines fortes. D’abord avec le public, quand Teo Saavedra – fondateur des Nuits du Sud – l’invite à chanter avec lui sur scène « Bésame mucho » pour la Fête de la musique à Vence, ville où elle a grandi artistiquement. Ensuite avec ses musiciens, puis Jean-Karl à Paris, en 2008. Les coulisses de leur tandem ? « En général, il me propose d’abord un univers assez visuel, comme un décor de cinéma avec des textures de son, des harmonies, une structure. Il sait ce qui m’inspire et je compose alors le texte. Quand j’étais enfant, mon père jouait du piano le soir, ma mère chantait et me racontait des histoires. J’ai toujours aimé que les mots sonnent. » Parmi les collaborations marquantes de Madame Monsieur, il y a bien sûr celle avec le rappeur Youssoupha, pour lequel ils ont composé le tube « Smile », mais aussi celle avec Ibrahim Maalouf, dont ils ont assuré les premières parties dans les Zéniths de France. La recette de leur succès ? « Des chansons en français, de la pop avec une touche d’electro et de musique urbaine. » Leur album Vu d’ici, sorti en mars et avec lequel ils sont aujourd’hui en tournée, c’est un peu le monde vu à travers leurs yeux. Il y a le titre « Comme une reine », inspiré d’une youtubeuse fière de ses rondeurs, ou encore « 22.11.2013 », date à laquelle un couple d’octogénaires a décidé de mourir ensemble. De petites histoires dans la grande, qui parlent avec humilité de choses graves. « Car rien n’est plus difficile que de faire simple. »
Par Tanja Stojanov / © Dorothée Murai