J ’irai moi aussi faire le tour du monde en solitaire par les trois caps, j’irai naviguer dans les tempêtes sans savoir si l’on y survit, j’irai doubler le cap Horn ! » Ce rêve de gosse – qui l’anime depuis la lecture de La longue route de Bernard Moitessier, en 1972 – Yvan Griboval en a fait sa réalité. Parti de Monaco le 17 novembre dernier, ce marin-journaliste-explorateur a navigué en solitaire pendant 152 jours en passant par les trois grands caps : Bonne-Espérance (Afrique du Sud), Leeuwin (Australie) et Horn (Chili). L’objectif ? Réaliser la première campagne de collecte de données océanographiques visant à étudier l’Interface océan-atmosphère dans le Grand Sud pour affiner les modèles climatiques. « Quasiment inexplorée, cette zone est d’importance majeure car le courant circumpolaire antarctique alimente tous les courants de la planète. » Équipé de capteurs pour mesurer la salinité et la température des eaux de surface, l’OceanoScientific Explorer Boogaloo, un voilier monocoque de 16 mètres, a parcouru plus de 6 5 246 kilomètres, en totale autonomie énergétique, sans rejet de CO2 ni déchets. Les données et les échantillons recueillis sous le 40e parallèle Sud vont désormais être exploités par les chercheurs pour affiner les modèles climatiques tandis qu’Yvan Griboval prépare déjà sa prochaine expédition. D’ici là, c’est à terre que se joue son plus grand combat : « J’ai la ferme intention de me battre jusqu’à mon dernier jour pour que cet espace maritime entre le 40e et le 60e parallèle Sud soit sanctuarisé à tout jamais. » Dont acte.
Par Marjorie Modi