Image

PORTRAITS

Ils sont artiste, cheffe étoilée, designer ou apiculteur, pilote automobile ou créatrice de mode. Leur point commun ? Ces personnalités glamour ou au cœur de la vie culturelle, économique et sociale régionale sont les moteurs de l’actualité azuréenne. Découvrez sans filtre le témoignage de leur parcours, leurs rêves, leurs ambitions et leurs projets à venir.

décembre 2019

Véronique Hours & Fabien Mauduit

  • Une architecture ouverte sur le monde
  • Ils ont remporté le Prix Logement individuel du Concours ArchiCOTE 2019. Tour à tour architectes et commissaires d’exposition, ils s’attellent tant à la recherche qu’à la construction. Rencontre.

Logement-individuel_Afa_JSouteyrat-HD-009-3901.jpg 

La Villa Afa, au cœur de la végétation en Corse, est intimement connectée à son environnement.

Ils ont remporté le Prix Logement individuel du Concours ArchiCOTE 2019. Tour à tour architectes et commissaires d’exposition, ils s’attellent tant à la recherche qu’à la construction. Rencontre.

Parlez-nous de votre projet de livre sur les maisons traditionnelles japonaises…
V.H. Nous nous sommes d’abord intéressés aux maisons contemporaines japonaises. Cela a donné lieu à une exposition, accompagnée d’un livre, déjà présentée à ce jour en France, en Australie, aux Etats-Unis et même au Japon. Partant de là, nous avons souhaité revenir en arrière, aux origines, avec ce projet de livre à quatre mains qui sortira à l’automne 2020. L’architecture traditionnelle japonaise est fascinante car la relation entre intérieur et extérieur y est fondamentale. Tandis qu’en Occident, on envisage les espaces en termes de murs, de limites, au Japon à l’inverse, c’est le vide qui est déterminant. Les pièces y sont modulables, on peut les faire communiquer selon les besoins.
F.M. Il y a aussi un autre rapport au temps, avec une durée de vie des bâtiments plus courte. Alors que chez nous, on cherche à garder intacte la maison de famille, ici, la maison peut être détruite pour en reconstruire une nouvelle, on considère que l’esprit du lieu reste présent. Il y a également un vrai dialogue avec la nature, même si c’est de moins en moins le cas aujourd’hui. C’est tout le principe du Shakkei, où l’on crée un paysage en « empruntant » des éléments au-delà de sa parcelle. Il peut y avoir des plantes en premier plan, puis l’arbre du voisin et la montagne tout au fond.

Ce principe d’emprunt à la nature, on le retrouve dans le logement primé n’est-ce pas ?
F.M. Oui car la Villa Afa en Corse est une composition très simple avec une grande ouverture sur le paysage aux quatre orientations de la pièce principale et une mono-orientation sur les pièces intimes. Il y a donc des « emprunts » dans toutes les pièces, et une relation forte entre dedans et dehors. A l’origine, les clients voulaient trois chambres et nous avons également fait en sorte qu’ils puissent occuper deux d'entre elles en fonction de leurs activités, que ce soit la méditation pour madame ou le bureau-bibliothèque de monsieur. De sorte qu’ils habitent ces pièces tout au long de l’année.
V.H. Nous avions fait aussi un guide sur l’architecture contemporaine chilienne et retenu cette relation aux matériaux et aux savoir-faire artisanaux. Plutôt qu’un béton brut, nous avons choisi pour cette villa un béton très rugueux en gardant visibles les planches de coffrage.

En plus de vos expositions, sur quels types de construction travaillez-vous en ce moment ?
V.H. Nous avons un projet de passerelle en Corse, réalisé dans le cadre d’un chantier d’insertion qui vise à redévelopper des savoir-faire locaux. L’idée est donc de surélever les deux culées en pierre de la passerelle, afin qu’elle puisse laisser passer les crues de la rivière en dessous. Sur ces deux fondations, viendra se poser un tablier, une feuille d’acier Corten pliée dont la couleur rappelle celle des frondaisons des arbres en automne. C’est un geste architectural minimal, une ligne comme un trait d’union. Notre volonté n’est pas d’exposer une architecture forte car pour nous, chaque ligne doit être justifiée. L’architecture, simple et discrète, s’inscrit durablement dans le paysage.
F.M. Nous travaillons de plus en ce moment à la rénovation du Port Tonic Art Center du Golfe de Saint-Tropez. C’était à l’origine un espace de réparation et de stockage des bateaux en hiver. On y retrouve des dalles en béton avec un motif de trèfle dans le coffrage tout à fait inédit. Il est pour nous impératif de préserver cet emprunt, tout comme de respecter le bâtiment initial. Nous souhaitons donc enlever les éléments inutiles à l’entrée du site pour le revégétaliser, créer un patio dans un des bâtiments existants pour que les sculptures exposées dans le centre d’art bénéficient d’une lumière naturelle. Un projet comprenant un restaurant à l’étage, une dizaine de chambres d’hôtel ainsi qu’une résidence d’artistes à l’arrière.

Par Tanja Stojanov

Pour partager l’article :

+ de portraits